Sigmar Polaris
Démocratie Participative
18 juillet 2020
Mohamed est victime d’une erreur judiciaire.
Durant une demi-heure, ils ont essuyé jets de projectiles et tirs de mortier : à la barre du tribunal de Lyon, des pompiers ont témoigné vendredi du piège dans lequel ils sont tombés dans la nuit du 14 juillet.
À Villeurbanne mardi soir comme dans d’autres villes, pas de feu d’artifice en raison de la crise sanitaire, mais des voitures s’enflamment et les pompiers interviennent dans un quartier populaire vers 01 h 30 du matin.
Ils sont rapidement pris à partie : pierres, barrières de chantiers, bouteilles d’huile enflammées et mortiers se mettent à pleuvoir.
« Ils tiraient sur nous, ça tombait sur nos têtes », raconte Jérôme Gibert, l’un des responsables cette nuit-là, évoquant un « déferlement » de projectiles. L’un des véhicules d’intervention est dégradé et pillé, sa clé de contact brûlée, avant que les pompiers ne parviennent à s’enfuir en le remorquant avec un autre.
« C’est un miracle qu’il n’y ait pas eu de blessé », estime l’un de leurs avocats, Julien Lambert, sa consœur Myriam Rey dénonçant « une mise en scène orchestrée » contre les pompiers.
Un seul prévenu, arrêté par la police municipale, était jugé vendredi dans cette affaire, en comparution immédiate, pour des tirs de mortier attestés par la vidéosurveillance.
Mohamed, 18 ans, jeune bachelier en attente d’une place en BTS, commence par s’excuser auprès des pompiers. Il admet avoir tiré dans leur direction mais affirme qu’il ne les visait pas, nuance qui laisse sceptique la présidente du tribunal.
« Pourquoi vous tirez ? », enchaîne le procureur. « J’ai pas réfléchi », répond le mis en cause, « y a eu un effet de groupe ».
« Vous n’êtes plus un gamin, vous avez déjà été condamné pour violences (une bagarre en 2016, ndlr). On vous tirerait dessus au mortier, là, vous trouveriez ça rigolo ? », réplique le magistrat, avant de requérir huit mois ferme, avec mandat de dépôt, à l’encontre de ce « petit voyou ».
« J’ai pas envie qu’on me mette tout sur le dos », marmonne le prévenu, inquiet à l’idée de retourner en prison. « J’ai pas ma place là-bas. »
Son avocate, Béatrice Burnichon, assure que « ce n’est pas un leader » et qu’il « ne peut être tenu pour responsable de tout, alors qu’ils étaient plus de cinquante » impliqués dans l’émeute.
Le tribunal a condamné le jeune homme à six mois de prison ferme en le maintenant en détention. « C’est pas juste, fallait attraper tout le monde », a déploré sa mère à la sortie de l’audience.
Selon l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales, 3 411 pompiers se sont dit victimes d’agressions en 2019, un chiffre en hausse de 21 %. Cette semaine, l’un d’eux, en intervention dans l’Essonne, a été blessé par un tir d’arme à feu, parmi d’autres violences survenues autour du 14 juillet.
« On sort de plus en plus avec la boule au ventre », soulignait vendredi à la barre Christophe Jaussoin, autre pompier agressé à Villeurbanne.
Pourquoi ils ont encore des pompiers dans les quartiers algériens de Villeurbanne ?