Captain Harlock
Démocratie Participative
03 août 2019
Tours, haut de la vie antillaise.
Un trou noir. Toujours. Jeudi, Jérico comparaissait devant le tribunal correctionnel de Tours. C’est lui qui, le 20 juin 2018, avait créé un émoi certain à travers la ville. Il était 14 h 16 quand l’alerte était donnée. Un homme, arpentant torse nu le pont de Fil, menace des passants avec un couteau de cuisine doté d’une lame de trente centimètres. Il vocifère, en créole peut-être. Il croise un sexagénaire. Alors que ce dernier retourne vers le centre de convalescence qui l’accueille, il se retrouve empoigné par Jérico, qui mesure 1,85 m pour quelque 100 kg.
La victime, qui n’assistait pas au procès, toujours traumatisée, se souvient du « regard étrange » que lui a lancé le trentenaire arrivé des Antilles il y a quelques années, d’abord à Blois, puis à Tours. Où il vit avec sa compagne et leur enfant. « Toi, le vieux, je vais te foutre à la flotte », lui criera Jérico. Ce jour-là, cet homme « s’est vu mourir », comme l’a rappelé son avocate.
Des mots qui, un temps, ont valu au trentenaire d’être mis en examen pour tentative de meurtre. Avant que le juge d’instruction, au regard des éléments et de la personnalité du trentenaire, ne requalifie les faits.
Le sexagénaire affaibli ne devra son salut qu’à l’arrivée des policiers et au garde-corps auquel il s’est accroché. Aux policiers de la brigade anticriminalité, justement, venus l’interpeller, lui, le catholique pratiquant à la croix tatouée dans le dos, aurait lancé « Allah Akbar je veux mourir ! » Reconnaissant ensuite ne même pas savoir ce que cela voulait dire, alors qu’un appel à témoins était lancé et que le parquet antiterroriste était avisé.
Rapidement, cet aspect du dossier avait été tout simplement abandonné. Et pour cause. Jérico présentait, ce jour-là, un taux de THC de 10,4 ng/ml. Des années qu’il fume du cannabis. Parfois jusqu’à trente joints par jour… Ajoutez à cela une altercation avec la compagne de celui qu’il croyait son ami, la veille ; un état dépressif latent… Jérico ne se rappelle de rien. Croit savoir que ce jour-là, il a quitté son domicile vers 13 h, avec le couteau, pour aller demander des explications à celui qui, depuis quelque temps, le critique dans son dos, jusqu’à la veille. Ses premiers souvenirs évidents datent de sa mise en détention, il y a treize mois.
Faut-il s’appuyer sur la première expertise psychiatrique qui évoque une abolition de son discernement au moment des faits ? Ou sur la seconde, collégiale cette fois, qui parle d’une altération ?
Le parcours personnel du trentenaire est « assez compliqué », relate le président Michaud. Entre « addiction majeure, désocialisation, troubles de l’humeur, sentiment d’abandon depuis l’enfance et un niveau scolaire proche de l’analphabétisme ». A-t-il été victime à nouveau d’hallucinations auditives comme les jours précédents ? Reste l’évidence « d’un état confusionnel », d’une « décompensation » provoquée par une surconsommation de cannabis, qu’il fume plus que de raison depuis la mort de son père.
Le ministère public, pour qui il est « impensable de retenir l’abolition », requiert cinq ans dont un an avec sursis et mise à l’épreuve pendant trois ans.
De son box, Jérico parle peu. Difficile de l’imaginer brandir un couteau au milieu de badauds alors qu’il est désormais « stabilisé médicalement ». Me Descot, son avocate, ne « croit pas une seconde » à « sa pleine possession de ses moyens au moment des faits ». Évoque ses « propos incohérents, délirants » et un geste « qui n’a qui queue ni tête ».
Le tribunal, qui a retenu l’altération, l’a condamné à trois ans dont un an avec sursis-mise à l’épreuve. Il devra se soigner, travailler et indemniser la victime à hauteur, tous préjudices confondus, de 17.500 €. Il lui est interdit d’acquérir et posséder une arme. Il reste en détention.
La puissance de la ganja, man.
Elle permet de communiquer avec les esprits avant de sacrifier du Blanc.