Captain Harlock
Démocratie Participative
27 juin 2019
Mamadi n’a rien fait de mal.
« Vous reconnaissez les faits qui vous sont reprochés. Il s’agit d’un meurtre avec préméditation, donc d’un assassinat, passible de la réclusion criminelle à perpétuité » assène le président des Assises du Tarn à Albi, Alain Gaudino. « Oui » répond l’accusé Mamadi Kourouma Camara, même s’il reste quelques zones d’ombre dans le dossier. Ce drame s’est déroulé à Carmaux le 23 juillet 2016. Dans le hangar technique de la boulangerie « le Fournil du Ségala », tôt le matin, Maryline Blondeau, arrive à son travail pour faire sa tournée. Là, elle tombe sur son ex-amant, qui l’attend avec un couteau de cuisine de plus de 20 centimètres.
Ce peintre en bâtiment va la poignarder à neuf reprises dont deux coups mortels. Mamadi Kourouma Camara avoue alors n’avoir porté que deux coups. Il se rétractera dans l’après-midi reconnaissant être l’auteur des neuf coups de couteau. « Nous sommes devant un homme qui s’est acharné sur sa victime » clame le président.
« Vous dites que Maryline Blondeau ne s’est pas débattue. Quand elle vous a vu avec un couteau dans la main, elle se serait approchée pour vous embrasser en disant « je t’aime », alors qu’elle avait peur de vous et de votre violence. C’est bizarre tout de même » appuie le président. « Cela s’est passé comme cela. Je dis la vérité. » « Pourtant il y avait des coupures sur l’avant-bras gauche, signe que la victime a voulu se défendre » réplique l’avocat général, Alain Berthomieu.
Passons à la préméditation. « C’est vrai que j’ai pris un couteau chez une copine qui m’hébergeait. Puis je suis parti en boîte de nuit où j’ai beaucoup bu. Après, j’ai pris mon scooter pour l’attendre dans ce hangar. Je ne supportais pas qu’elle me quitte » admet l’accusé. « Pourquoi avez-vous pris ce couteau ? » coupe le président. « Pour la tuer ». Silence dans la salle.
Maryline Blondeau et l’accusé entretiennent une relation amoureuse qui a duré plusieurs mois. Des débuts idylliques qui lui font quitter son compagnon pour s’installer avec lui. Mais les témoins qui défilent à la barre ont tous le même discours. Elle déchante très vite. La boulangère ne supporte plus ses accès de violence, son penchant aigu pour l’alcool, sa jalousie extrême. Elle commence à avoir peur, très peur. Maryline décide d’arrêter leur aventure. Elle appelle ses copines, demande à un ami de changer ses serrures. Elle avoue même à une amie : « J’ai très peur. Il va finir par me tuer ».
Une ex-compagne de Mamadi Kourouma Camara entre 2010 et 2012 reconnaît qu’elle aussi « a vécu l’enfer. Il a su me séduire quand j’étais fragile. Je venais de me séparer du père de mes enfants. Il est venu vivre chez moi. Au début, tout se passait bien. Puis il est devenu violent jusqu’à me cracher dessus. J’ai imposé qu’il parte. Il a refusé. Il a fallu l’aide de mes parents pour qu’il fasse ses valises » avoue-t-elle émue. Elle rappelle aussi « que quelques mois plus tard, sa maison a été détruite par un incendie criminel. Je sais que c’est lui, même s’il n’a pas été trouvé de preuves. »
« J’étais fragile, je ne voulais pas vraiment me faire sauter par un gros nègre brutal monsieur le juge ! »
Cette violence, ce besoin de séduire, on les retrouve dans les expertises psychologiques. Un père militaire dur mais juste, une mère qui ne se souvient de rien de la vie de son fils, et ses relations compliquées avec la gent féminine.
« Peut-on parler de pervers narcissique ? » interroge Michel Albarède, un des avocats de la partie civile, à l’expert psychiatre. « Du narcissisme, certainement. Quant à la perversion, je n’ai rien vu de visible durant notre entretien. Mais à l’époque, je n’avais pas en main toutes les pièces du dossier. »
Cette première journée d’assises touche à sa fin avant que Vincent, l’un des fils de Maryline, vienne à la barre parler de sa mère. « Je l’aimais tant. C’était le soleil de ma vie. Aujourd’hui, je ne pourrais jamais plus la rendre fière, lui montrer mes enfants. Jamais. »
Tant mieux.
Je demande solennellement l’acquittement de Mamadi Kourouma Camara.
Ce pourfendeur de putes à nègre a été envoyé par la providence pour châtier ces traînées qui ont abandonné leurs hommes dans le but de coucher avec le premier bamboula venu.