Le Libre Panzer
Démocratie Participative
24 avril 2018
Une belle histoire de bougnoules qui s’amusent avec l’argent des cons de Français.
Il est 8h du matin, les grandes grilles de la maison d’arrêt de Nîmes restent fermées. Un groupe d’une dizaine de personnes sort par une petite porte. Qui sont les détenus ? Qui sont les animateurs ? Difficile de les distinguer au premier abord tant ils se mêlent, loin de l’image du détenu menotté.
En s’installant dans les deux voitures, personnel pénitentiaire et prisonniers semblent oublier, le temps d’une journée, le poids de la détention. Et l’ambiance est bon enfant quand les détenus arrivent dans la manade Mailhan, en plein cœur de la Camargue.
Sous un soleil éclatant, une rangée de chevaux blancs attendent patiemment leurs cavaliers. En jeans, bombes sur la tête et bottes aux pieds, animateurs, détenus et manadiers se confondent encore de dos, au moment de partir pour une balade de deux heures. Jacques Mailhan accompagne les prisonniers. Le manadier montre ses terres, à titre gracieux. L’association Saint-Vincent-de-Paul, grâce à Jean-Marc Soulas, président de l’antenne gardoise et instigateur du projet, a financé le reste des frais de la sortie.
Au retour de la promenade, tous ont le sourire jusqu’aux oreilles. Une première découverte pour Vinz, qui n’était jamais monté à cheval avant cette initiation : « On a vu des flamants roses, dans leur environnement naturel … ah ouais, c’est le plus beau à voir, je crois, les animaux ».
Cela faisait deux mois que le jeune homme de 28 ans n’avait pas mis un pied en dehors de la prison. Cette balade, c’est pour lui « un privilège ». Une journée qui permet d’« avoir des bonnes pensées, de bons souvenirs ».
L’heure du déjeuner arrive ; après une balade au grand air, tous ont faim. Les détenus font honneur au pique-nique, fument du tabac acheté à prix d’or à la « cantine » de la prison, se détendent dans l’herbe de la manade. Vinz s’isole pour prendre le soleil, ravi d’avoir un bronzage tout neuf.
La journée n’est pas finie. Que serait une découverte de la Camargue sans taureaux ? Direction Bouillargues et ses arènes toutes neuves, où les détenus assistent, enthousiastes, à un entraînement au raset des jeunes stagiaires.
Seul, Carlito fait un peu bande à part, sous les regards étonnés des conseillers pénitentiaires et de Samira Khelaifia, présidente du service pénitentiaire d’insertion et de probation (SPIP) de la maison d’arrêt de Nîmes. « D’habitude, il parle beaucoup », souffle-t-elle. C’est l’amertume de devoir rentrer bientôt dans la maison d’arrêt qui l’empêche de profiter de ce moment, explique-t-elle, traduisant les grommellements de Carlito. Vingt ans de petites peines qu’il a accumulées : Carlito est un habitué de la prison.
Malgré tout, cette journée n’est pas sans bénéfice pour lui. « Ça m’a apporté un bien-être, un peu de liberté », admet Carlito. Mais aussi un potentiel métier à la sortie d’incarcération : Jean-Marc Soulas compte bien le mettre en contact avec un club équestre, pour qu’il soit formé au métier de palefrenier. De même pour Vinz, qui a renoué avec son ancien patron grâce à Jean-Marc Soulas, qui le connaissait.
Mission accomplie, donc, pour Samira Khelaifia. Cette journée est faite avant tout pour préparer à les détenus à leur sortie de prison, pour les aider à renouer avec l’extérieur. Et s’ils trouvent un travail, c’est encore mieux.
Merci aux catholiques de Saint-Vincent-de-Paul et à Samira de s’occuper de la fleur de la jeunesse française.