Leutnant
Démocratie Participative
02 septembre 2017
Un réfugié tunisien avait enfin voulu passer un moment de détente après tant de souffrance, de discrimination et d’oppression raciale. Il est impitoyablement persécuté par une justice islamophobe et structurellement colonialiste.
Justice. Le week-end dernier, dans les douches d’une piscine de Rouen, il avait été surpris à se masturber devant deux femmes.
C’est la règle ou presque désormais dans les comparutions immédiates organisées devant le tribunal correctionnel de Rouen : il manque presque toujours un papier, un document voire une démarche. La faute aux vacances des uns, au temps contraint des autres ? Avec Mohamed H., soupçonné de s’être masturbé en public à la piscine Guy-Boissière vendredi dernier, ça ne loupe pas.
Alors que la présidente du tribunal commence d’examiner l’affaire, le prévenu se plie en deux, plisse les yeux et avoue au bout de quelques minutes qu’il ne comprend rien à ce que dit le tribunal. Tunisien venu en France il y a deux ans, le prévenu réclame un interprète. « Mais toutes vos auditions devant la police l’ont été sans interprète. Enfin, on ne voudrait surtout pas léser les droits de la défense », soupire le tribunal qui suspend le procès en attendant de trouver dans l’urgence, et en soirée, quelqu’un capable de traduire les propos de cet homme « qui n’a aucune condamnation à son casier, du moins sous cette identité ».
Les faits se sont déroulés vers 17 h, le vendredi 25 août. Deux femmes de 21 ans qui se douchaient à la piscine de l’Île Lacroix ont vu, selon leurs déclarations, un homme qui, en passant devant elles, aurait sorti son sexe et aurait commencé à se masturber en les regardant. Prévenu, l’agent de sécurité de la piscine a alerté la police qui a dépêché un équipage sur place. Quant au suspect, il était au bar de la piscine.
Interpellé, cet homme âgé de 29 ans a été placé en garde à vue et s’est ensuite retrouvé devant le tribunal correctionnel. Problème supplémentaire : l’homme a donné une fausse identité aux policiers, ce qui lui a d’ailleurs valu un passage au centre de rétention administratif d’Oissel.