Raciologie du quotidien : les Sud-Italiens, profilage génétique

Adéiste
Europe Ecologie Les Bruns
24 juin 2021

 

Il s’agit d’un topic sur la génétique des Apuliens (les natifs des Pouilles).

Les gens ici savent que ces populations (Apuliens et les autres « Italiens du Sud ») ne sont pas totalement européennes, d’où l’utilisation du terme « narbo » que certaines personnes utilisent pour désigner ces populations (je ne l’utilise pas le mot, personnellement, mais j’arrive à comprendre le sens que certains donnent à ce mot).

Cependant, certaines personnes se demandent (peut-être) s’il y a bien une base génétique à cela… ou alors s’il ne s’agit pas d’un mot pour ranger tous les gens n’ayant pas la peau pâle, cheveux blonds et yeux bleus dans la case « majoritairement non européen » (par exemple, Sean Connery, qui est bien un Ecossais pur souche) ?

La réponse est : il y a bien une base génétique réelle, ce n’est pas un fantasme.

J’ai placé des samples d’Apuliens sur une « carte des populations » (ce n’est pas le terme exact mais c’est pour simplifier).

Ce qu’on peut dire :

1. Une partie des samples tirent vers les Toscans sans en intégrer le groupe ;
2. Une autre partie des samples tirent vers les Juifs séfarades et Crétois.

Ce qu’on peut dire aussi : les Ashkénazes sont très proches des Apuliens… des voisins pourrait-on dire !

Ce n’est même pas à cause des Maures (l’apport n’est pas énorme) que les Apuliens se retrouvent proches des ashkénazes, c’est simplement parce que les deux ont des apports en commun provenant de certaines anciennes populations qui ont fait d’eux ce qu’ils sont actuellement. Ce sont des apports qui précèdent les Maures : cela date du Néolithique, Âge du bronze, etc.

Voici la carte, mais avant : je précise que je n’ai pas intégré tous les samples du « Centre de l’Italie » et « Nord de l’Italie », car certains samples sont intermédiaires (du genre des samples du « Centre de l’Italie » qui tirent vers des samples « Italiens du Sud » ou même se regroupent avec, et d’autres samples qui tirent vers certains « Italiens du Nord » mais pas tout à fait, etc.), cela aurait fait trop de bordel, j’ai juste mis les Toscans et les populations de la Vallée d’Aoste.

Ronds et hexagones avec un centre noir et sans nom = natifs des Pouilles

En bleu : Juifs séfarades

Pour comparer avec des populations de la Vallée d’Aoste…

Autre chose : on dit souvent que l’apport pré-indo-européen « Anatolien du néolithique » se retrouve chez tous les Européens, surtout ceux du Sud.. en vérité, cela dépend de quel type de population parle.

J’ai modélisé des Apuliens et ce qu’ils obtiennent en matière de « néolithique » n’est pas du même genre que ce qu’obtiennent les Basques, Français et autres !

Les Apuliens obtiennent, en partie, un type de population dit « préindo-européen néolithique » qui se rapproche beaucoup plus des « Levantins du néolithique » !

Il y a deux types de population « Anatolien du néolithique » en Europe : l’une est tirée vers les Levantins anciens (comme dit plus haut), car déjà un peu mélangé à la base (tous les « Anatoliens du Néolithique » n’étaient pas identiques sur ce point, tous ne provenaient pas du même endroit et n’avaient pas forcément les mêmes apports à l’identique) et qui se retrouve beaucoup chez les Grecs (actuels et même les Mycéniens), Ashkénazes, Séfarades, « Italiens du Sud » et autres, alors que la seconde population, donc aussi « Anatolien du Néolithique » mais d’un autre type, est moins exotique et on la retrouve chez les Français, Basques, Anglais, Irlandais, Norvégiens, etc.

Pour mieux visualiser :

ici vous avez des Basques et Apuliens…

Tepecik Ciftlik_N (population plus tiriée vers les Levantins du Néolithique) = sample d’Anatolien du Néolithique provenant du site préhistorique Tepecik >>> https://fr.wikipedia.org/wiki/Tepecik

TUR_Barcin_N = sample d’Anatolien du Néolithique provenant du site préhistorique Barcın Höyük, situé à Bursa >>> http://www.nit-istanbul.org/projects/barc-n-hoyuk-excavations

Le sample d’Apulien n’ayant que 8% de « Tepecik Ciftlik_N » se rattrape avec d’autres apports, notamment 6,6% de stricto Levant Néolithique (Levant_PPNB), 5,6% de « Fermier Iranien du Néolithique » >>> https://fr.wikipedia.org/wiki/Ganj_Dareh (« IRN_Ganj_Dareh_N » sur l’image plus bas ; apport qu’on trouve beaucoup chez les Iraniens actuels) et 3% de « Kura-Araxes » https://fr.wikipedia.org/wiki/Culture_Kouro-Araxe (apport qu’on trouve en grande proportion chez les Géorgiens, Arméniens, Tchétchènes et autres).

Certains samples Apuliens ont un taux énorme de « Kura Araxes » (« Caucasus-like »), il y a même un sample avec un fort taux de Levant Néolithique à 11% (sachant que leur apport « néolithique » Tepecik est déjà fortement tiré vers les Levantins)

Apuliens versus Irlandais (qui ont en moyenne 35% de « Barcin Anatolien Néolithique » ici) :

Ne pas oublier aussi l’apport greco-levantino-machin (« eastern mediterranean ») qui a fortement augmenté du temps de l’Empire Romain, alors qu’il était moins, si ce n’est pas du tout (selon les coins), présent du temps de la République romaine.

Une étude va sortir (elle vient d’ailleurs compléter une autre sur la même zone), mais on a déjà le résumé !

L’étude se concentre sur la zone « Étrurie » et le « Sud de l’Italie ».

Étrurie :

(ça parle de « lack of recent Anatolian », il s’agit surtout de population post-néolithique en provenance d’Anatolie donc pas des « Anatoliens du Néolithique) :

L’origine, le développement et l’héritage de l’énigmatique civilisation étrusque de la région centrale de la péninsule italienne connue sous le nom d’Étrurie font l’objet de débats scientifiques depuis des siècles. Nous rapportons ici un transect temporel génomique de 82 individus couvrant près de deux millénaires (800 avant notre ère – 1 000 de notre ère) à travers l’Étrurie et le sud de l’Italie. Au cours de l’âge du fer, nous détectons une composante d’ascendance steppique associée à l’indo-européen et l’absence de mélange anatolien récent parmi les étrusques putatifs non indo-européens. Bien qu’il comprenne divers individus d’ascendance d’Europe centrale, d’Afrique du Nord et du Proche-Orient, le pool génétique local est largement maintenu au cours du premier millénaire avant notre ère. Cette continuité change radicalement au cours de la période impériale romaine où nous rapportons un changement brusque à l’échelle de la population à ~ 50% de mélange avec l’ascendance méditerranéenne orientale. Enfin, nous identifions des composantes nord-européennes apparues en Italie centrale au début du Moyen Âge, qui formaient ainsi le paysage génétique des populations italiennes actuelles.

On pourrait résumer cela ainsi :

République romaine >>> majoritairement autochtone ;

Empire Romain >>> mélange avec des populations de l’Est de la Méditerranée = les populations bougent du cluster « autochtone » pour se rapprocher des populations de l’Est de la Méditerranée ;

Début du Moyen Age >>> plusieurs composantes nord-européennes se rajoutent = cela rapprochent (plus ou moins, selon la population et la zone) ces populations du précédent cluster « autochtone ».

Evidemment, ce n’est pas forcément vrai pour d’autres zones, ne pas oublier que l’étude (qui n’est pas encore disponible pour l’instant) ne porte que sur la zone centrale (Toscane et Latium il me semble) et le Sud, donc l’étude ne concerne pas le Frioul, la Vénétie, la Vallée d’Aoste, le Piémont, etc.

*Merci à Adéiste

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