Leutnant
Démocratie Participative
27 mai 2019
Le couple franco-allemand du 21ème siècle.
Samedi, Yordanos, réfugiée érythréenne accueillie au Carr (centre d’accueil des réfugiés réinstallés) de Pessat-Villeneuve, a pu célébrer son mariage avec Goitom, lui aussi réfugié, mais vivant en Allemagne.
«C’est une cérémonie qui pourrait sembler classique. Mais elle revêt un caractère exceptionnel pour les futurs mariés, pour le village, pour tous et pour moi », souffle Gérard Dubois, le maire de Pessat-Villeneuve. Devant lui, samedi, dans la salle des cérémonies de la mairie, deux réfugiés érythréens de 28 et 24 ans, s’apprêtent à se dire « oui ».
Gérard Dubois.
Un Boomer sans-frontiériste.
Yordanos, la femme, est arrivée au CARR (centre d’accueil des réfugiés réinstallés) de Pessat-Villeneuve en mai 2018, venue directement d’un camp du HCR (Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés) au Niger. Le mari, Goitom, est passé par la Libye, a surmonté la traversée de la Méditerranée avant de parvenir en Allemagne, où il a obtenu son statut de réfugié, et où il vit actuellement.
Cette africaine a été acheminée par le pont aérien mis en place par Macron pour repeupler la France depuis le Niger.
La cérémonie n’est pas aisée. Les propos du maire sont traduits en tigrigna, la langue de ces ressortissants africains. Mais malgré la meilleure volonté du monde, les interprètes peinent peut-être sur les articles du code civil. Ce n’est pas grave. On simplifie. On va à l’essentiel. « Oui », clame le mari. Sous les applaudissements et les youyous, l’épouse lui répond en écho : « Oui »
Légèrement en retrait, Claude et Andrée sont très émus. Ce couple de retraités a pris Yordanos sous son aile dès son arrivée à Pessat-Villeneuve, il y a un an. « Pour elle, on était “papi” et “mamie”. Elle était comme chez elle à la maison. Entre nous, c’était plus que de l’amitié », souffle Claude. Des liens très intenses se sont noués entre eux, au fil des mois. Mais malgré ces sentiments, la barrière de la langue est restée un obstacle difficile à franchir. Et l’histoire de cet amoureux venu d’Allemagne, ils ne la connaissent pas vraiment.
Goitom, d’ailleurs, n’est pas venu seul de Dresde. Il est accompagné de Tatjana, sa « maman allemande ». « J’ai accueilli Goitom il y a cinq ans, quand il est arrivé à Dresde. J’étais sa personne de contact. C’est le premier de mes fils que je marie », sourit-elle. Mais ce qu’elle connaît du parcours de Goitom et de ce couple, elle ne souhaite pas le dire. « Ce n’est pas mon histoire, c’est la sienne. Elle est très compliquée. Et privée. »
Samedi, Yordanos et Goitom ont donc fait le choix d’unir leurs destins. Pour ce jeune couple, le futur s’écrira probablement en Allemagne. Goitom y travaille comme assistant gériatrique. « Ces derniers temps, Yordanos n’était plus très assidue au cours de français », murmure Claude, sur le ton de la confidence.
Des migrants africains couvés par leurs Boomeuses pour repeupler Dresde.
Tout un poème.