Sigmar Polaris
Démocratie Participative
20 avril 2023
Un cadeau du « mariage pour tous » de François Hollande.
Marianne :
La disparition, survenue en 2016, avait été remise en lumière en pleine affaire Nordahl Lelandais. Si les gendarmes ont tenté de vérifier d’éventuelles connexions avec le tueur de la petite Maëlys, c’est finalement la piste d’un crime conjugal qui est désormais privilégiée par les enquêteurs. Anne Charlotte Poncin et sa compagne avaient formé le premier couple lesbien marié en France.
Le mystère autour de la disparition d’Anne Charlotte Poncin durait depuis sept ans. Cette ancienne militaire s’est évaporée en janvier 2016 à Ambérieu-en-Bugey (Ain). C’est finalement sa compagne, Margaux O., qui vient d’être incarcérée, mise en examen pour meurtre.
Le 5 janvier 2016, vers 10 heures du matin, Anne Charlotte Poncin aurait quitté son domicile conjugal pour se rendre dans une agence d’intérim, selon les déclarations de son épouse à l’époque. « Elle m’avait dit de ne pas l’attendre pour manger », soulignait Margaux O. devant les enquêteurs en 2016.
Les deux femmes s’étaient rencontrées en 2013, au camp militaire de Valbonne, près de Lyon. En 2014, le couple avait quitté l’armée et s’était installé dans l’Ain. En mai 2015, elles étaient les deux premières femmes du pays à célébrer leur union en mairie, après l’adoption du mariage pour tous. Le maire, alors opposé à cette nouvelle loi, avait d’ailleurs refusé d’officialiser la noce, laissant un adjoint remplir la mission à sa place. Anne Charlotte travaillait comme intérimaire, Margaux reprenait des études pour devenir aide vétérinaire.
La disparition, huit mois plus tard, est immédiatement prise au sérieux par la gendarmerie, qui n’est guère convaincue par l’hypothèse d’une fuite volontaire ou d’un suicide. Les militaires mènent des recherches dans les forêts entourant Ambérieu, en vain. Les proches d’Anne Charlotte, dont sa femme, mobilisent les médias, multipliant les appels à témoin, toujours sans résultat.
Plusieurs pistes seront creusées. La cellule Ariane de la gendarmerie étudie un possible lien entre Nordahl Lelandais et la jeune femme, notamment en raison de leur passé commun dans l’armée. Mais cette hypothèse est ensuite écartée.
L’enquête s’oriente petit à petit vers Margaux O., dont les déclarations surprennent plusieurs fois la famille Poncin. L’épouse de la disparue répète ainsi que sa femme n’allait pas bien, tantôt pour un problème d’acouphènes, tantôt en raison de son instabilité professionnelle. Elle indique aussi qu’Anne Charlotte voulait changer de sexe – trois sujets dont ses parents n’ont jamais entendu parler. Ces derniers sont aussi troublés par son comportement : une fois, elle refuse de participer à une battue pour retrouver la disparue et lorsque ses parents reviennent de ces recherches infructueuses, elle leur rit au nez.
Un autre fait interloque les enquêteurs. Quelques jours après la disparition, Margaux O. remet aux gendarmes le téléphone portable de sa femme qu’elle vient « de retrouver dans le canapé du salon, éteint ». Les militaires découvrent dans l’historique internet de l’appareil des recherches comme « comment faire un nœud de pendu ». Les gendarmes soupçonnent alors la témoin de les diriger vers la piste du suicide.
Rebondissement en janvier 2022 : la jeune femme change de version. En janvier 2016, elle aurait, dit-elle alors, trouvé le corps de sa compagne qu’elle aurait ensuite dissimulé. Mais peu de temps après, elle se rétracte et nie toute implication. Nouvel épisode le 19 février 2023 lorsqu’un crâne est retrouvé dans un secteur géographique proche. Après expertise ADN, il est identifié : il s’agit bien de celui d’Anne Charlotte. Confrontée à cette découverte, la suspecte continue de clamer son innocence. Placée en détention à la mi-avril, elle sera prochainement entendue par la juge d’instruction.
Anne-Charlotte ne voulait pas se faire greffer un pénis, une erreur fatale.