La rédaction
Démocratie Participative
26 décembre 2023
Patrick Buisson est mort, apparemment.
L’écrivain et essayiste Patrick Buisson, figure de la droite conservatrice, est mort à l’âge de 74 ans à son domicile des Sables d’Olonne, a appris Le Figaro ce mardi 26 décembre. Il a notamment été le conseiller de Nicolas Sarkozy lors de sa présidence, de 2007 à 2012, pendant laquelle il a défendu une «droite décomplexée» et la promotion d’un discours sur «l’identité nationale», quand Henri Guaino, la principale plume du président de la République et conseiller spécial attitré, défendait quant à lui davantage l’héritage du gaullisme social.
«Il aimait passionnément la France et son histoire. Il vit, avant beaucoup, les grands dangers qui menacent notre pays», a réagi le président du parti Les Républicains, Éric Ciotti, à l’annonce de la mort de Patrick Buisson. Dès les années 1980, alors journaliste, il a milité pour une union des droites afin de faire barrage à la gauche et à l’alliance entre les socialistes et les communistes, qui avait favorisé la victoire de François Mitterrand. Régulièrement en désaccord avec le Front national dès l’époque de Jean-Marie Le Pen, il a dirigé la campagne de Philippe de Villiers pour les élections européennes de 1994 puis l’élection présidentielle de 1995.
En 2016, il avait soutenu François Fillon lors de la primaire LR pour l’élection présidentielle. Également conseiller de Nicolas Dupont-Aignan, il a en revanche régulièrement critiqué le Rassemblement national pour sa stratégie tournée vers l’électorat de gauche. En avril 2023, il avait ainsi déclaré au Point que «le RN n’arrivera(it) jamais au pouvoir tant que Marine Le Pen en sera la candidate». Il s’était en revanche tourné vers Marion Maréchal après son départ du parti fondée par son grand-père. L’ancienne députée frontiste a estimé ce mardi qu’il «laissait derrière lui tout un héritage pour [sa] famille de pensée». «À Dieu Monsieur !», a-t-elle écrit en mémoire de ce catholique fervent. Lors de l’élection présidentielle de 2022, Patrick Buisson s’était ensuite rapproché d’Éric Zemmour, candidat Reconquête, avec lequel il était apparu aux côtés de Philippe de Villiers.
«Son esprit parfois provocateur et sa plume acérée manqueront au débat politique», a toutefois réagi Marine Le Pen, évoquant la figure d’«un homme d’une grande culture, un écrivain de talent et un amoureux fou de la France». Jordan Bardella, l’actuel président du RN, a salué un «esprit libre et transgressif, archéologue de la droite et des idées» qui «a fait progresser les idées du camp national comme très peu d’intellectuels y sont parvenus, en prêtant ses mots à la parole du pouvoir».
L’ancien député européen Paul-Marie Couteaux, fondateur du SIEL, passé du projet de rassembler les souverainistes des deux bords à celui de l’union des droites, a fait part de son «lourd chagrin». «D’une impeccable lucidité sur l’état de la France et la médiocrité des chefs de la droite, auteur d’une admirable richesse, ami fidèle, il œuvra pour l’unité des droites nationales et fut l’un des premiers à reprendre le mot souverainisme», a écrit sur X celui qui, comme Patrick Buisson, a évolué depuis trente ans entre les divers courants de la droite conservatrice et souverainiste, finissant lui aussi par apporter son soutien à Éric Zemmour en 2022.
Conseiller politique, Patrick Buisson était aussi un intellectuel prolifique, auteur d’une vingtaine d’ouvrages. En 2016, il a notamment publié La Cause du peuple, essai à succès dans lequel il jugeait sévèrement le quinquennat de Nicolas Sarkozy. En 2021 et en 2023, il publiait deux livres fleuve, La Fin d’un monde, et Décadanse, dans lesquels ce «mécontemporain» assumé décrivait le déclin de l’Occident. De 2007 à 2018, Patrick Buisson a aussi été directeur de la chaîne de télévision Histoire. Membre de l’Action française dans sa jeunesse, il a été journaliste à l’hebdomadaire d’extrême droite Minute de 1981 à 1987 puis a rejoint le magazine conservateur Valeurs Actuelles. Sur X ce mardi, la vieille organisation maurassienne a annoncé «s’incliner devant la mémoire de l’écrivain», «salu(ant)» «l’ami de l’Action française» «qui n’a jamais renoncé à ses convictions».
Patrick Buisson a eu maille à partir avec la justice pour ses activités de conseil politique. Il a d’abord été condamné en 2014 pour avoir enregistré à l’Élysée des discussions avec Nicolas Sarkozy, à son insu. L’année suivante, il a été mis en examen dans l’affaire des sondages de l’Élysée – 130 factures pour des conseils, dont une quinzaine de sondages, payées par la présidence de la République sans appels d’offres préalables. Il a été condamné en janvier 2022 à deux ans de prison avec sursis et 150.000 euros d’amende pour recel de favoritisme, abus de biens sociaux et détournement de fonds publics.
Depuis plusieurs mois, Patrick Buisson avait entrepris la rédaction de ses mémoires, nourries de portraits des figures politiques et intellectuelles dont il avait croisé le chemin depuis un demi-siècle.
Au plan politique, je ne crois pas que l’on puisse remercier Buisson qui a contribué à créer le zemmourisme. Il se différenciait toutefois de ces juifs en rappelant que l’islamisation n’était qu’une conséquence d’une crise profonde générée par le système actuel et affirmait que la véritable question était celle de la pulsion de vie indigène dont la natalité est la traduction.
Au plan journalistique, sur des décennies de travail, c’est certainement une déclaration de Carla Bruni rapportée par Buisson qui restera.
Au plan littéraire, c’est son livre en trois tomes 1940-1945 : années érotiques qui mérite lecture.
Fondamentalement, Buisson a essayé d’agir dans le cadre du système démocratique existant, qu’il savait pourtant impossible. Cela s’est avéré largement vain tant ce système est néfaste et irréformable.
Vous pouvez visionner cet entretien qui date de 2022 pour vous faire une opinion.
Contre la censure
Utilisez Brave et Tor en suivant notre guide ici.
Ou utilisez un VPN.