Sigmar Polaris
Démocratie Participative
24 mai 2020
Marie Cau est un homme qui se déguise en femme en raison de troubles psychiatriques lourds
Il était temps de tourner la page transphobe dans le Nord pour entrer dans le XXIème siècle.
Une femme transgenre a été élue samedi matin maire de Tilloy-lez-Marchiennes (Nord) par le conseil municipal de ce village de 550 habitants, composé uniquement de membres de sa liste, a-t-elle annoncé à l’AFP, confirmant une information de la Voix du Nord.
Marie Cau, 55 ans, « est à ma connaissance la première personne transgenre élue maire en France », a indiqué à l’AFP Stéphanie Nicot, co-fondatrice de l’Association nationale transgenre (ANT), précisant toutefois que « des personnes ont pu passer sous les radars, ne pas rendre cela public ».
Ingénieur, titulaire d’un diplôme de technicien agricole, d’un BTS Horticole et passée par l’armée avant de se « reconvertir dans l’informatique », Marie Cau a été élue avec 14 voix et un vote nul. Lors du scrutin du 15 mars, les candidats de sa liste avaient obtenu entre 63,5 et 73,1 % des suffrages, le taux de participation s’établissant à 67,9 %. « C’est un beau score en période de Covid-19 ! », se réjouit-elle auprès de l’AFP, « pas du tout surprise, puisque la liste incarnait une volonté de changement ».
« Complètement femme depuis environ cinq ans », après une transition « progressive » pendant une quinzaine d’années, Marie Cau n’a « pas encore changé d’état civil » mais entend le faire prochainement, « pour éviter les tracasseries administratives ». « Je n’ai pas eu à changer de prénom car Marie est mon troisième prénom de naissance et je l’utilise couramment depuis deux ans comme le code civil m’y autorise », explique-t-elle. Depuis 2016, le changement d’état civil a été facilité pour les personnes transgenres, qui n’ont plus à le justifier par des documents médicaux mais doivent toujours passer devant un tribunal pour l’obtenir.
« Je ne suis pas une personne militante », confie Marie Cau, souhaitant rester discrète et se concentrer sur l’action municipale. « Justement, les gens ne m’ont pas élue parce que j’étais transgenre ou contre, ils ont élu un programme. C’est ça qui est intéressant : quand les choses deviennent normales, qu’on n’est pas montré du doigt », estime-t-elle. Habitante du village depuis vingt ans, mère de trois enfants et défendant « un modèle basé sur le développement durable, l’économie locale et les circuits courts, le social et le mieux-vivre ensemble », elle cumulera ses fonctions de maire avec son entreprise de « conseil en informatique ».
Pour la militante Stéphanie Nicot, « cette élection montre que même si la France est très en retard sur toutes les questions relatives aux minorités, nos concitoyens sont de plus en plus progressistes », choisissant leurs élus « en considérant la valeur des individus, indépendamment de leur identité de genre ».
Entre les migrants afghans et les transexuels, le département du Nord est à la pointe du progrès. Je vais sûrement aller y vivre.