Neuf ans d’amour avant sa mise à mort : le conflit fatal entre le boxeur de Créteil et sa belle-famille [maghrébine]

Captain Harlock
Démocratie Participative
08 Février 2021

La vengeance de la beurette à khel.

Le Parisien :

L’enquête sur la mort du champion de boxe thaïlandaise Amadou Ba, tué le 3 avril 2018 à Créteil (Val-de-Marne), est bouclée. Trois de ses beaux-frères et un de leurs amis doivent comparaître aux assises à la fin de l’année pour assassinat. En toile de fond, une incroyable vengeance familiale.

Ce mardi 3 avril 2018, Amadou Ba est un homme traqué. A côté de lui, sur la place passager de sa BMW, il a dissimulé un marteau et une bombe lacrymogène dans un sac de sport. Il s’est renseigné sur Internet : pas si facile que ça de se procurer une arme à feu. Le champion de boxe thaï, qui dispense des cours à Créteil (Val-de-Marne), vient de déposer un de ses élèves. L’adolescent l’a trouvé particulièrement stressé, empruntant un chemin inhabituel. Amadou Ba, qui rentre chez lui à Ozoir-la-Ferrière (Seine-et-Marne), a-t-il remarqué qu’une Opel Corsa noire le suit depuis le gymnase Casalis ? On ne le saura jamais.

A 22h20, route de Pompadour à Créteil, au niveau du rond-point Europarc, la voiture noire le double et se place devant la BMW. Quatre hommes sortent. La suite est d’une violence inouïe. Amadou Ba est atteint de six balles. Il est aussi tabassé avec une batte de base-ball et roué de coups. On ne saura sans doute jamais non plus s’il réussit de lui-même à sortir de son véhicule ou si ses agresseurs l’en extirpent. Toujours est-il qu’il parvient à faire quelques pas avant de s’écrouler sur le terre-plein central. Il n’a pas eu le temps de se défendre. A minuit, il meurt à l’hôpital.

L’enquête pour meurtre en bande organisée, qui a conduit au placement en détention provisoire des quatre agresseurs présumés, est dorénavant bouclée. Trois des beaux-frères d’Amadou Ba – les jumeaux Nacer et Djamel K. ainsi que le tireur présumé Yazid K. – seront finalement jugés à la fin de l’année pour assassinat. Tout comme un de leurs amis, Karim A., le conducteur de l’Opel Corsa. Le mobile? Une vengeance familiale.

Au départ, pourtant, il y a de l’amour. Pendant neuf ans, Amadou Ba et Saïda K. mènent une vie normale. Ils se marient religieusement en 2004 et civilement en 2006. Ils ont trois fils, achètent une maison, se construisent un avenir. Et puis, le couple se déchire. La rupture est marquée par un climat de plus en plus électrique.

A partir de février 2015, dans les deux camps, on multiplie les mains courantes au commissariat. La mère d’Amadou Ba témoigne de menaces de mort qu’elle a reçues. La jeune femme évoque, elle, des violences dont elle aurait été victime de la part de son mari, pourtant inconnu de la police, et de sa nouvelle compagne. Bref, il n’y a plus que de la haine. Le conflit ne concerne plus seulement les deux époux mais s’étend à tout le cercle familial.

Deux points en particulier exacerbent les tensions. La garde des enfants et surtout la vente de la maison. Le 31 mars 2018, trois jours avant le drame, un incident fait tout basculer. Amadou Ba et Djamel K. se rencontrent, apparemment par hasard, au restaurant Léon de Bruxelles de Villiers-sur-Marne avec leurs compagnes respectives. Que se passe-t-il précisément ? On sait juste qu’une altercation musclée oppose les deux hommes et que Djamel K. ne fait pas le poids face au champion de boxe thaï. Amadou Ba quitte le restaurant avec son compagne, et Djamel dans le camion des pompiers…

Pour toute la fratrie K., le Rubicon a été franchi. Le soir même, branle-bas le combat. Il faut mettre la main sur le boxeur d’une façon ou d’une autre. Alors que Djamel est soigné à l’hôpital, son jumeau Nacer, plusieurs de leurs copains ainsi que Yazid et Saïda se retrouvent à Ozoir. En vain. Vers une heure du matin, Amadou Ba reçoit un coup de fil de Nacer. «Pour s’expliquer», assure ce dernier. Son interlocuteur ne perçoit pas cette conversation de la même façon. Car à partir de ce moment-là, il craint pour sa vie. C’est à cette période qu’il cherche à s’armer.

Le mardi soir, tout le monde sait qu’Amadou Ba donne un cours de boxe à Créteil. A peine monte-t-il dans sa voiture pour raccompagner son élève et rentrer chez lui qu’il est pris en filature. Dans l’Opel Corsa, il y a les trois frères et Karim A. Ce dernier prend vite le volant car Djamel, qui a «peur» du champion, est trop nerveux pour conduire correctement. Yazid a caché une arme à feu dans la boîte à gants. Personne n’est au courant, assurent aujourd’hui les autres protagonistes. Ils sont là, jurent-ils pour «corriger» Amadou Ba, pas pour le tuer.

A la limite de Bonneuil-sur-Marne, les quatre hommes passent à l’action. Yazid K. reconnaît les coups de feu, Nacer K. et Karim A. frappent le champion avec une batte de base-ball. L’autre jumeau assure qu’il reste en retrait. Une version contredite par des témoins qui ont vu quatre hommes tabasser le champion.

Ils sont tous renvoyés aux assises pour assassinat. L’expertise médicale conclut en effet que «l’ensemble des violences commises ont contribué au décès de la victime». Au départ, l’instruction avait été ouverte pour meurtre en bande organisée. «La qualification d’assassinat, qui a finalement été retenue, me paraît totalement adaptée vue la gravité des faits, estime Grégory Bensadoun, l’avocat de la famille d’Amadou Ba. Tout a été préparé et organisé.»

Il y a quelques jours, Karim A. s’est vu refuser sa demande de mise en liberté. «Cela fait trois ans que je suis dans une histoire qui ne me concerne pas», a-t-il sangloté au tribunal de Paris. «Il a donné un coup de batte mais il n’est pas à la manœuvre, a plaidé son avocate Anne-Laure Compoint. C’est une chose de partir pour se battre et une autre de dire qu’on va tuer quelqu’un. Il y a un clivage, entre mon client et les frères K. C’est lui dans la procédure qui donne les éléments les plus probants.»

«Mon client n’a jamais eu l’intention de violenter Amadou Ba, assure de son côté Karine Bourdié, l’avocate de Nacer K. Il menait une vie sans histoire. Il a hâte de pouvoir s’expliquer et que toute la lumière soit faite sur les implications de chacun.»

Près de 400 personnes avaient marché à Créteil quelques jours après la mort du boxeur, qui était très apprécié. La famille d’Amadou Ba est d’autant plus dévastée qu’elle vient à nouveau d’être frappée par un terrible deuil. Le 9 janvier, Daoud, 4 ans, le fils qu’il a eu avec sa nouvelle compagne, est mort dans un accident de voiture sur une bretelle d’accès à la N19 à Boissy-Saint-Léger (Val-de-Marne).

Bassem dit la vérité.

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