Captain Harlock
Démocratie Participative
05 octobre 2020
Si vous voulez empêcher les gens d’attraper le rhume, vous leur interdisez de mettre une guitare dans leur coffre.
Un arrêté préfectoral, paru le 29 septembre, dans le cadre de la lutte contre la covid, créé le malaise : transporter du matériel musical en voiture est désormais interdit. Ce qui inclut aussi bien les platines que les instruments de musique.
« J’ai d’abord vu l’arrêté sur les réseaux sociaux. J’ai cru que c’était une blague. Je suis allé vérifier sur le site de la préfecture. Et ça n’en était pas une. C’est complètement fou ! »
Gael Lefévère est musicien professionnel, intermittent du spectacle. Il joue de la bombarde dans le groupe de fest-noz Hiks. Comme beaucoup de musiciens, il est abasourdi par l’arrêté préfectoral publié le 29 septembre, en même temps qu’une série de mesures pour faire face à la pandémie de la covid-19. Cet arrêté stipule que « sont interdits, à compter du 29 septembre, et jusqu’au 13 octobre, la tenue de rassemblements festifs à caractère musical et la circulation des véhicules transportant du matériel, susceptible d’être utilisé pour une manifestation festive à caractère musical, répondant à l’ensemble des caractéristiques énoncées à l’article R.211-2 du code de la sécurité intérieure ».
« Ça veut dire qu’on ne peut plus transporter nos instruments de musique ? C’est incompréhensible. Comment dès lors répéter ? », s’interroge Gael.
On ne répète pas, tout simplement.
Tous ceux qui veulent répéter en dépit des ordres émis par la sage direction de l’Etat-Parti sont des contre-révolutionnaires qui subiront un châtiment exemplaire.
La lutte contre le rhume est à ce prix.
Youen Paranthoen, accordéoniste, membre du groupe Spontus et du collectif Clam, est lui aussi plongé dans un abîme de perplexité. « On se trimballe toujours avec nos instruments. Ce lundi, je dois aller répéter. Je vais circuler avec mon accordéon. Je peux être verbalisé » ?
Yves Marie-Texier, comédien et metteur en scène de la compagnie Mouton Major, qui travaille avec beaucoup de musiciens, ne décolère pas. « Comment interpréter cet arrêté ? On ne peut plus circuler avec des instruments de musique. Les copains qui vont venir répéter, on va prendre leur matériel ? On va leur donner une amende ? C’est complètement fou. On touche à des libertés fondamentales. C’est complètement liberticide. On nous dit que c’est pour les teufeurs. Mais l’arrêté est flou et ça peut être au libre arbitre du gendarme. »
Ces propos confusionnistes ne peuvent qu’être ceux d’un fasciste. Nous vivons en démocratie, par définition, toutes les interdictions promulguées visent à défendre la liberté.
D’où le slogan de l’Etat-Parti :
L’interdiction c’est la liberté
A toute chose malheur est bon : les punks à chiens bretons ne peuvent plus lever de fonds pour l’invasion de l’Europe.
Certains concerts ont d’ores et déjà été annulés ce week-end. C’est le cas d’une soirée qui devait se dérouler dans un bar associatif de la Roche-Bernard (56), au profit de l’association SOS Méditerranée. Dans le doute, les organisateurs ont préféré annuler. Au grand dam de Marc Ricordel, clavier et guitare du Next Quartet, un groupe de jazz de la région de Vannes, qui devait s’y produire. « C’est n’importe quoi. Je vais répéter à Lorient la semaine prochaine et j’aurais mes instruments dans la voiture. Tant pis si on m’arrête. »
Face à la bronca, la préfecture, sollicitée, précise : « Le transport de matériel est interdit pour des manifestations qui font l’objet de diffusion de musique amplifiée dans des lieux non aménagés pour ce type de manifestation. Ces manifestations avec rassemblement de personnes qui, dans la plupart des cas, doivent être déclarées, ne le sont pas. La protection du public ne peut donc être garantie ».
Pas vraiment de quoi rassurer le monde de la musique. Sur les réseaux sociaux ce week-end circulait l’idée d’une action devant la préfecture.
Exploitons un des rares effets vertueux de la dictature sanitaire.
Si vous repérez un concert antifasciste au profit des clandestins qui doit se tenir dans votre département, n’hésitez pas à faire monter la température en appelant la Gendarmerie.
N’oubliez pas d’acheter votre popcorn à l’avance.