Leutnant
Démocratie Participative
11 août 2020
La police ne cherche plus à cacher la réalité : si vous êtes menacés par des bougnoules, ils ne feront rien.
La police de Montpellier a-t-elle dérapé en répondant au 17 ? Vendredi soir, plusieurs habitants du quartier des Hauts de Massane appellent pour signaler que des jeunes caillassent leur résidence, et que certains se sont même introduits dans les sous-sols. Un garage est d’ailleurs saccagé, scooter et vélo volés ce soir là. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois, c’est le quotidien pour les résidents de la rue Pierre Cardenal.
Le policier de permanence au 17 leur répond qu’il ne peut rien faire, que la police n’a pas les moyens et qu’ils n’ont « qu’à habiter ailleurs ». Lors d’un appel, le policier aurait même suggéré aux habitants de se faire justice eux-même, comme en Corse.
« J’ai appelé parce qu’ils commençaient à jeter des cailloux sur les véhicules du parking de la résidence, ça montait crescendo avec des cris, des vulgarités », raconte cette habitante qui préfère rester anonyme. « Ils les voyaient de leur caméra. J’ai demandé s’ils pouvaient venir. « Bah écoutez, on va voir ce qu’on peut faire, c’est pas une priorité les jets de cailloux… » J’ai rappelé, en disant qu’ils descendaient dans les sous-sols. « Vous savez quand on habite là, il faut se renseigner avant où on achète. Il faut avoir des gens dans sa résidence qui ont des couilles pour aller au sous- sol, pour régler ça à notre façon, à la méthode Corse. » Donc j’ai demandé s’il était sérieux, il m’a répondu qu’il rigolait, mais bon, ça veut bien dire ce que ça veut dire. »
Une voisine raconte des propos similaires. Elle a elle aussi appelé la police peu après.
« Ce policier au téléphone a été un petit peu insolant. « Madame ils n’ont qu’à leur enlever la CAF à ces gens là. » Quand j’ai rappelé un peu plus tard pour leur dire qu’ils étaient entrés dans les garages et qu’ils allaient nous brûler l’immeuble, il m’a répondu : « Madame, il y a des priorités, nous avons un accident alors il faut comprendre ». Alors j’ai commencé à le sermonner. Nous avons droit, comme tout citoyen, d’être écouté. C’est du n’importe quoi, ils ne font rien. Il m’a raccroché au nez. Ça fait neuf ans que je suis ici, ça fait neuf ans que ça dure, on se sent en danger. »
Un troisième témoignage vient encore corroborer ces propos déplacés, réitérés par un autre agent au commissariat. Cet habitant, choqué qu’on lui suggère de déménager du quartier, s’est en effet déplacé samedi pour porter plainte contre X. On a d’abord tenté de le dissuader puis après une longue attente, il a pu déposer une main courante.
« On a attendu quatre heures, et là j’ai raconté au policier les propos qui nous avaient été tenus la veille au téléphone par son collègue. Il m’a regardé, il m’a dit : « Ça vous choque ? » Oui, un petit peu quand même. « Et bien je vais vous dire exactement la même chose. On n’a qu’à pas habiter là. De toute façon, les gens ne sont pas normaux dans ce quartier, on à qu’à habiter ailleurs, avec des gens normaux. » Donc vous comprenez que quand on entend des choses comme ça, on peut pas rester les bras croisés. Nous, on demande de pouvoir vivre tranquillement, de pouvoir sortir de chez nous, d’avoir une sécurité, comme tout le monde. Il m’a même dit avec un grand sourire : « Vous n’avez qu’a faire comme nous car il faut savoir que dans le commissariat, 90% des policiers votent Rassemblement national. » Et puis il m’a dit : « Moi, j’habite plus à Montpellier, j’habite avec des gens normaux dans un village normal ». Quand on attend quatre heures pour déposer une main courante et qu’on nous dit ça, on se demande ce qu’on va faire… »
Vendredi soir, une patrouille de police est finalement intervenue dans le quartier, près de deux heures après les appels, sans rien constater d’anormal depuis l’extérieur.
Du côté de la police, on reconnait les propos « décalés » d’un agent, l’enregistrement le confirme, mais on réfute tout appel à se faire justice soi même « à la Corse », c’est une mauvaise interprétation des propos qui ont été tenus. Quant aux déclarations politiques du policier lors du dépôt de plainte, impossible de les vérifier.
La police explique aussi que vendredi soir, elle a reçu 680 appels au 17 en une seule nuit, plus du double d’une nuit classique. Des vols à la roulotte, des violences familiales, des accidents, des disparitions de mineurs….
Elle promet de rappeler à nouveau à ses agents qu’ils doivent s’abstenir de tout commentaire lors des appels au 17 et elle rappelle aussi qu’un vrai travail de prévention sera entrepris en septembre avec les bailleurs sociaux pour sécuriser les quartiers.
La police est obsolète, débrouillez-vous.