Leutnant
Démocratie Participative
06 juillet 2019
Un bicot à l’ombre et un cas social de moins.
Jugé jusqu’à ce soir pour un coup de couteau fatal porté à Cyril Zilli en mai 2017 à Metz, Abdelmagid Bitat jure qu’il n’avait aucune intention homicide. « J’avais pris un couteau parce que j’avais peur », prétend ce quinquagénaire à la vie autodestructrice, entre drogue et alcool.
Il a eu plusieurs existences. Et l’évocation de celle d’avant lui donne parfois envie de lâcher des sanglots, comme on pleure un vieil amour. C’était un temps où il avait une femme, des enfants, une belle famille, une belle maison, un travail de soudeur dans lequel il s’investissait énormément et qui lui rapportait beaucoup. Abdelmagid Bitat était heureux. « C’étaient les plus belles années de ma vie. »
Celle d’aujourd’hui l’a conduit sur le banc des accusés de la cour d’assises de la Moselle. « J’ai 57 ans et j’en suis là. Jamais je n’aurais imaginé que cela m’arrive. » Il est jugé, pendant deux jours, pour avoir porté un coup de couteau mortel à Cyril Zilli, un jeune marginal qu’il « aimait bien », qu’il « essayait d’aider » et qu’il accueillait parfois au foyer Adoma de la rue Dembour, à Metz. La chute du quinquagénaire a commencé bien avant, lorsqu’il a mis le nez dans la cocaïne au début des années 2000. Pas pour le plaisir. « Je travaillais dans l’industrie en Allemagne. On nous demandait de faire des postes de quarante-cinq heures. Il fallait tenir le choc parce que les heures supplémentaires étaient bien payées. »
Son addiction l’a fait plonger. Elle l’a rendu violent. Sa femme est partie. Il a perdu son toit. Le Mosellan, originaire de Créhange, commence alors à côtoyer les foyers. Et même la prison, pour de petits larcins devant financer sa consommation. Un parcours autodestructeur.
Abdelmagid Bitat touche le fond le 25 mai 2017, quand Cyril Zilli s’effondre dans le couloir du foyer en hurlant : « Il m’a planté, il m’a planté ! » Les deux hommes avaient pourtant passé une partie de la journée ensemble, comme souvent. Ils avaient bu quelques verres. Et puis la situation a dérapé. À cause d’un baiser porté par un autre résident à la copine de la victime.
La suite est floue, chaque protagoniste donnant des versions confuses, compliquées à comprendre. Dans un récit ciselé, le directeur d’enquête de la brigade criminelle essaye de remettre un peu d’ordre : « L’altercation a eu lieu à cause du comportement de l’autre résident avec la copine de Cyril Zilli. Il était très jaloux. Sa copine était la seule chose qu’il avait. On a dit que la victime tenait un cutter, j’y crois. Un tesson de bouteille ? Dur à dire. »
Abdelmagid Bitat a récupéré un couteau de cuisine, « parce que j’avais peur ». Il le tenait devant lui quand Cyril Zilli s’est avancé. « Il s’est empalé sur la lame. Je ne voulais pas… » Crédible ? Les médecins légistes en diront plus ce vendredi matin. L’accusé assure n’avoir rien senti. « C’est rentré comme dans du beurre… »
Wallah, justice de bâtards, niquez vos morts.