Libris Aeterna
02 décembre 2021
Dictature …
Ce mot est à la mode ; il ne veut rien dire.
Il y a la dictature du prolétariat avec un demi-million de morts ; il y a la dictature italienne qui a rénové une nation ; il y a la dictature hitlérienne qui fait quelques bêtises …
Un mot vide de sens. À Rome – j’entends la Rome antique – la dictature était décrétée par le Sénat, pour six mois. Et le dictateur n’était qu’un magistrat souverain et temporaire, investi de l’autorité suprême dans les moments difficiles de la République. Un Cincinnatus, un Camille illustrèrent cette fonction. Actuellement, la dictature signifie autorité absolue, incontestée, « totalitaire » comme l’on dit, appuyée sur la force et établie, en quelque sorte, au-dessus des lois, la remise sans contrôle aux mains d’un seul, ou d’un groupe de partisans, du soin de la collectivité.
Mais il y a aussi des dictatures occultes ; ce sont les plus dangereuses, car tout le monde les ignore. Un chef d’industrie, un gros banquier international, un Morgan, un Loewestein, un Kreuger, un Finaly sont ou furent des dictateurs occultes. Ils tiennent ou tenaient en main le pain ou la misère, la vie ou la mort d’un grand nombre d’hommes.
Un Stavisky fut un petit dictateur, dans son genre ; n’avait-il point les pleins pouvoirs sur une partie de nos administrations ? Et le bon peuple de France qui réclamait un homme, ignorait qu’il y en avait au moins un, en bonne place, qui se remplissait les poches et qui eût pu, le sort aidant, déclencher la guerre ou maintenir la paix …,
Les dictatures occultes sont les plus odieuses, car elles n’ont pas la franchise de leur responsabilité ; elles ont alors toutes les audaces puisqu’elles demeurent impunies et que leur pouvoir les protège mieux que n’importe quel faisceau noir, brun ou rouge.
Elles ne peuvent exister d’ailleurs qu’en démocratie.
Le nom du faisceau qui les entoure est le silence.