Captain Harlock
Démocratie participative
17 mai 2019
Le juif Balkany, dit le « Corbeau de Hongrie » ou encore « le détrousseur de cadavres »
Le fait est que les juifs ont des problèmes de comptabilité. Aussi bien en ce qui concerne Auschwitz qu’en ce qui concerne leurs comptes bancaires.
Marianne :
« Je demande à la salle de cesser de rire, nous ne sommes pas au spectacle », réclame Benjamin Blanchet, le président de la 32e chambre correctionnelle. Patrick Balkany est à la barre. A la peine, plus exactement. Ecarlate, la bouche sèche, il se tourne dès qu’il peut vers son avocat en lui murmurant des « ça va ? » inquiets. Eric Dupont-Moretti grogne que oui. Mais à entendre les questions du président, et celles du parquet, à l’évidence, personne ne semble convaincu par les « explications » du maire de Levallois sur son train de vie, sa fortune, et ses maisons cachées. Vraiment, personne.
S’avançant vers le micro au centre de la salle, dès le début de l’audience, Patrick Balkany a sorti de sa poche quelques notes. Il a souhaité faire une petite explication préliminaire. Il déroule son récit qui est l’histoire de son père, Guyla Balkany. « Un Hongrois qui a fui le nazisme », commence-t-il. Résistant puis déporté, son père aurait ensuite fait fortune à la sortie de la guerre en s’associant avec un autre Hongrois « pour la vente du matériel américain du camp Philipp Morris du Havre ». Patrick Balkany a déjà livré ce récit au juge Van Ruymbeke en toute fin d‘instruction, mais sans apporter la moindre preuve matérielle venant corroborer le rôle de son père. Selon lui, une partie des fonds provenant de la vente du matériel militaire aurait été transférée en Suisse par son père, l’autre lui servant à monter des magasins de prêt à porter. « On est issus, ma femme et moi, de familles riches, martèle le maire de Levallois. Pour vous dire qu’on ne fait pas de la politique pour gagner de l’argent »…
Vous oseriez juger un rescapé ?!
#Balkany il poursuit, raconte l’entrée de son père dans la Résistance, son arrestation le 4mai 1942, sa déportation a Auschwitz entre oct 1942 et novembre 45 « voilà sa carte de déporté », il quitte la barre pour la montrer au tribunal.
— Salomé Legrand (@Salome_L) 15 mai 2019
Faire les comptes de Balkany père, c’est une seconde déportation.
Une nouvelle shoah.
Puis l’autre manie de son père, « c’était comme ça à l’époque, à la sortie de la guerre », était celle « de tous les Français, qui ont toujours eu un bas de laine sous le matelas » : le goût pour les espèces et les … lingots d’or. « C’est petit un lingot, détaille Patrick Balkany. Et c’est anonyme. Le coffre de mon père en contenait beaucoup. Ça valait 5.500 francs pendant longtemps et aujourd’hui, dans les 30.000 euros ». Donc les espèces, les billets de 500 euros retrouvés jusque dans ses peignoirs dans les années 2010, proviendraient à l’entendre des lingots familiaux… « Je vous le dis, M. le président, semble presque s’excuser Patrick Balkany, les espèces il fallait bien les dépenser ». La salle rit une nouvelle fois.
Salle remplie à craquer d’antisémites !
Conspiration !
C’est la République qu’on assassine !
Il s’agit uniquement de la fameuse « manie de tous les Français » des juifs de Hongrie.
Bande de fourriers de la haine antijuive, quel est votre problème ?
Les lingots, c’est anonyme, petit et ça permet de changer de pays très rapidement. Surtout quand des goyim antisémites vous accusent de vol par jalousie.
L’élu poursuit sa « démonstration » avec ses propres feuilles de comptes. La vente de la société de son père lui aurait rapporté une trentaine de millions de francs. Il aurait également rapatrié 6 millions de francs de Suisse « sous Balladur, quand il y a eu l’amnistie ». Plus la vente des tableaux, plus les lingots… Voilà selon lui, avec la propre fortune de son épouse, et les 10 millions de francs que lui auraient accordés son beau-frère et sa belle-sœur, la seule et unique explication de son train de vie, sans commune mesure avec ses revenus officiels.
« On a bien vécu, c’est vrai. On aurait pu acheter des studios, mais on a préféré en profiter », insiste le maire de Levallois à la barre. « En tout cas, c’est notre argent, ce n’est pas un argent qui est tombé du ciel. Je veux dire en cela que je n’ai été corrompu par personne. J’ai horreur de la corruption », tonne Balkany, provoquant de nouveaux sourires dans la salle. Le visage du président Blanchet, lui, reste impassible.
Le magistrat commence ses questions. Tout y passe. La maison de Giverny, ses 1.298 m2, 11 chambres, 9 salles de bain, sa piscine, son tennis, le tout estimé à plus de 4 millions d’euros par le fisc. Balkany conteste jusqu’au nombre de chambres. Il en compte trois seulement dans la partie principale. « Et puis Giverny est loin de Paris » et la route devant sa maison, qui jouxte celle de Monet, est « tellement fréquentée » que l’estimation du fisc serait selon lui « très fantaisiste ».
« Monsieur le Président, j’ai horreur de la corruption ! Je suis croyant ! »
Il continue son tour du propriétaire : la piscine est « à refaire ». « Le tennis à l’abandon ». « A 4 millions, elle est à vous », raille Balkany à l’attention de l’avocat du fisc, Me Xavier Normand Bodard. Même bémol pour l’estimation de la villa Pamplemousse à Saint-Martin. « Elle est sur la colline, pas au bord de l’eau, donc c’est une des moins chères », jure Balkany, qui soupire à l’évocation « des cyclones et des intempéries » qui rendent prohibitif le coût d’entretien « de ces maisons aux Antilles ». A l’entendre, la villa ne serait qu’une juxtaposition de « simples bungalows ». Nouveaux sourires.
Je vous vois, vous aussi, sourire, bande d’assassins. Meurtriers.
Vous voulez « vous faire du juif », salauds.
Ce sont des bungalows.
Des tentes.
Mais même ce terrain vague, vous ne voulez pas laisser un juif en être propriétaire, par jalousie.
Quant à la maison de Marrakech, le maire de Levallois refuse de répondre pour l’instant, préférant réserver ses explications à la semaine prochaine et au procès pour blanchiment : « Mais je peux vous assurer que cette maison, nous n’en sommes pas propriétaires mais de simples locataires », s’emporte-t-il à l’adresse du parquet. Fin de la séquence villas.
« Villas ».
Non mais, vraiment.
Vous voyez, vous faites du bien à ces sales goyim, ils vous crachent dessus et mentent éhontément pour voler les juifs qui bâtissent leur patrimoine à la sueur du front.
Mis devant une foule de contradictions, Patrick Balkany a vaguement réponse à tout. Les déclarations ahurissantes de ses anciens employés de maison, sur la circulation d’argent liquide ? « Il s’agit de gens que nous avons licenciés, voilà l’explication »… Concernant par exemple ses déclarations fiscales, et le fait qu’avec son épouse, ils ont longtemps rédigé des déclarations séparées alors qu’ils vivaient ensemble, il reporte la faute « sur son ancien avocat fiscaliste». « C’est la première fois que j’entends cette explication, quel est son nom ? », s’étonne le magistrat du parquet, Arnaud de Laguiche, offensif. Balkany n’est plus très sûr. Autres « fautifs » à l’entendre, les gestionnaires de fortune en Suisse, au Liechtenstein et dans les autres paradis fiscaux. « Je ne m’occupais de rien, ose Balkany. Ces gestionnaires, ils vous disent qu’ils gèrent, c’est eux qui décident de tout et en fait, ils prennent des commissions. Aujourd’hui, ils ont vidé les comptes, ils ont tout mangé, il n’y a plus rien ».
Ces Suisses, ces voleurs de tableaux, ces trafiquants ! Ces ogres nous sucent le sang depuis la Deuxième Guerre Mondiale.
Des banquiers hitlériens.
Ils ont tout prix ! Encore une fois, un juif a été détroussé par un goy comme au coin d’un bois.
A l’entendre, l’autre cause de ses ennuis serait… le fisc qui le poursuivrait bien indûment. « On connait les méthodes du fisc français ! », s’exclame-t-il en se tournant vers l’affable Me Normand-Bodard. Nouveaux rires. « Il n’y a pas plus de magot aujourd’hui que de beurre en branche », insiste Patrick Balkany, qui ricane lui même de sa formule. Dans cette salle d’audience Charlotte Béquignon-Lagarde, du nom de la première femme magistrate en France, le seul à ne jamais rire est le président Blanchet. Même quand Patrick Balkany, comme pour s’en moquer, lui rappelle ses anciennes fonctions de « sous-préfet »… A un énième incident provoqué par Me Dupont-Moretti, Benjamin Blanchet, mâchoire serrée, yeux plantés dans ceux de l’avocat, lui répond d’une voix calme mais froide : « Je vous rassure maître, le tribunal délibérera. Il est d’ailleurs là pour ça ». Une façon de rappeler, là encore, que cette salle d’audience n’est pas une salle de spectacle, mais un endroit où l’on juge. Patrick Balkany, présumé innocent, risque jusqu’à dix ans de prison.
DIX ANS de déportation !
Voilà cette république vichyste qui baisse le masque.
DIX ANS !
Je ne veux plus rien savoir.
Laissez-moi seul.