Breiz Atao
Démocratie Participative
14 avril 2017
Alors que la probabilité d’une frappe américaine contre la Corée du Nord et son programme nucléaire devient de plus en plus forte, la Chine a sensiblement évolué sur la question ces dernières 24 heures.
Revirement diplomatique
Pour rappel, le président chinois Xi Jinping avait rencontré le président américain Donald Trump en Floride la semaine dernière, au moment même où les USA lançaient des frappes contre la Syrie. Peu après, Donald Trump avait ouvertement fait pression sur la Chine pour qu’elle « règle le problème nord-coréen », faute de quoi « les USA s’en chargeront ».
I have great confidence that China will properly deal with North Korea. If they are unable to do so, the U.S., with its allies, will! U.S.A.
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 13 avril 2017
Si dans un premier temps la Chine a semblé vouloir coopérer avec Washington – sur fond de menaces de guerre commerciale de la part du président américain – la situation a clairement évolué depuis hier. Le ministère des Affaires Étrangères chinois a rompu avec la réserve apparente qu’il observait depuis plusieurs jours.
La Chine a ainsi mis en garde les USA contre toute action unilatérale, indiquant qu’il ne pouvait « y avoir aucun vainqueur » dans une guerre contre la Corée du Nord et que le pays qui déclencherait les hostilités « en payerait le prix ».
Le ministère des Affaires Étrangères a en outre rappelé qu’il tenait à opérer sur le dossier nucléaire nord-coréen dans le cadre de l’ONU, soulignant par là que l’usage unilatéral de la force aux frontières de la Chine constituait pour Pékin – et surtout l’armée chinoise – une ligne rouge. Il a en outre clairement indiqué s’opposer au principe même des sanctions économiques, y voyant des facteurs de radicalisation de Pyong Yang (source).
Pékin est donc passé de l’atermoiement, voire de la bienveillance à l’égard des USA, aux menaces à peine voilées à l’adresse de Washington.
Pression de l’Armée Populaire de Libération
Ce changement pourrait s’expliquer par une puissante réaction de l’Armée Populaire de Libération chinoise. Celle-ci a des liens historiques avec l’armée nord-coréenne et n’a pas du manquer d’établir un lien plus général avec les tensions en Mer de Chine du Sud.
Accepter d’aider les USA sous la contrainte – le tout soigneusement mis en scène par Donald Trump via Twitter – ne manquerait pas de faire paraître la Chine pour une puissance faible et aisément intimidée l’armée américaine.
Un précédent qui, du point de vue de l’armée chinoise, encouragerait les USA à user de la même approche en Mer de Chine du Sud, un corridor vital pour Pékin.
Autre élément ayant intégré les calculs de Pékin, la participation possible de la marine japonaise à des frappes en coordination avec les USA (source). Après plusieurs années de tensions alimentées par Pékin contre le Japon et l’usage du chauvinisme comme moyen de détourner l’attention du public de la crise économique qui frappe le pays, toute action armée incluant le Japon ne peut rencontrer l’aval de la Chine. Et encore moins de l’APL.
Le président chinois, tout d’abord sensible aux arguments des représentants intérêts économiques de la Chine soucieux des relations sino-américaines, a selon toute vraisemblance du affronter la pression de l’armée et agir en conséquence.
Le ton adopté par Donald Trump a également du contribuer à cette réaction, rappelant à la mémoire collective chinoise l’époque où les puissances occidentales occupaient la Chine. Un souvenir extrêmement vivace que cherche précisément à effacer le leadership du Parti Communiste Chinois sur la scène internationale.
Essaie nucléaire imminent
La Corée du Nord se préparerait à un sixième essai nucléaire selon les services de renseignement américain et peut-être à de nouveaux tirs de missiles. Le pays cherche à se doter d’un arsenal nucléaire complet afin de garantir sa sécurité nationale face aux USA. Les frappes récentes de Syrie, loin de décourager les Nord-Coréens, ont du raffermir ceux-ci dans leur recherche d’une « sanctuarisation » de leur territoire.
La Chine a déjà commencé à déployer des systèmes antimissiles à la frontière nord-coréenne, sans que l’on sache s’il s’agit d’une réaction de défense vis-à-vis de la Corée du Nord ou bien des USA.
Recent footage shows a lot of Chinese military vehicles deploying toward North Korea border (prob. AirDef systems) ???? https://t.co/YpskZPK3vN pic.twitter.com/Ve1YJNaeE9
— Already Happened (@M3t4_tr0n) 13 avril 2017
A ce stade – et bien que des revirements puissent survenir – la Chine a décidé de maintenir sa protection vis-à-vis de Pyong Yang. Non pas tant en raison d’une particulière bienveillance que du précédent qu’il créerait au détriment de la Chine à ses frontières.