Le Libre Panzer
Démocratie Participative
17 février 2020
C’est l’occasion pour nos lecteurs de découvrir la spiritualité juive.
Le tribunal de première instance de Jérusalem a prolongé jeudi de huit jours la détention du rabbin Eliezer Berland, un délinquant sexuel condamné qui a été arrêté une nouvelle fois pour avoir prétendument extorqué des millions de shekels à des patients en phase terminale en leur promettant des guérisons miraculeuses.
La juge Sharon Lary-Bavly a écrit dans sa décision que Berland a « cyniquement exploité » ses victimes présumées en donnant, entre autres, des « Mentos aux patients en guise de médicaments ».
Au cours des délibérations, l’avocat de Berland, Amit Hadad, a évoqué la mauvaise santé de son client comme raison pour ne pas le garder en détention.
Lary-Bavly a riposté : « Donnez-lui un Mentos ».
Des dizaines de partisans de Berland ont manifesté devant le tribunal pendant la procédure, leurs protestations vocales étant audibles jusque dans la salle d’audience.
Berland a été arrêté pour fraude après que des centaines de personnes ont porté plainte à la police contre lui pour avoir vendu des prières et des « drogues miracles » à des membres désespérés de sa communauté, et pour avoir promis à des familles de personnes handicapées que leurs proches pourraient marcher et à des familles de criminels condamnés que leurs proches seraient libérés de prison.
Il a été arrêté dimanche dans le quartier de Mea Shearim à Jérusalem avec sa femme et d’autres membres importants de sa secte ultra-orthodoxe Shuvu Bonim alors que ses partisans affrontaient la police à proximité.
Lors de la descente de police, des dizaines de boîtes de poudres et de pilules ont été trouvées au domicile de Berland qui étaient distribuées aux malades comme « drogues miracles ». Les premiers contrôles en laboratoire ont révélé qu’il s’agissait d’analgésiques et de bonbons en vente libre, y compris des Mentos, ont déclaré les responsables.
Dans une déclaration au tribunal, la police a indiqué que son enquête secrète sur Berland, lancée il y a plusieurs mois, a ouvert une boîte de Pandore qui a finalement amené 200 personnes à témoigner.
Berland a nié les accusations lors de l’audience de dimanche, affirmant qu’il n’avait offert des bénédictions et des services de guérison que lorsqu’on le lui avait demandé, et pour des sommes bien inférieures à celles alléguées par la police. Le tribunal a alors ordonné la détention des suspects pendant cinq jours.
Berland fait l’objet d’un véritable culte parmi les milliers de membres de son groupe – une branche de la secte hassidique de Breslev. Il avait fui Israël en 2013, accusé d’agressions sexuelles à l’encontre de plusieurs femmes parmi ses disciples.
Après avoir échappé aux forces de l’ordre pendant trois ans et parcouru différents pays, Berland avait été condamné, au mois de novembre 2016, à 18 mois de prison pour deux chefs d’inculpation d’attentat à la pudeur et pour un chef d’inculpation d’agression sexuelle dans le cadre d’un arrangement judiciaire qui comprenait alors sept mois de prison ferme.
Il avait été libéré pour raison de santé cinq mois plus tard.
Il a depuis repris ses activités en tant que chef spirituel de la communauté Shuvu Bonim.
L’avocat Hadad – qui fait également partie de l’équipe chargée de défendre le Premier ministre Benjamin Netanyahu dans ses dossiers de corruption – a expliqué jeudi à la Douzième chaîne qu’il s’était saisi du dossier par sympathie pour le rabbin, notant son mauvais état de santé et la manière dont il a été traité depuis son arrestation.
Berland, 82 ans, s’est fait poser une endoprothèse mercredi, menotté, à son lit au centre médical Shaare Zedek de Jérusalem. Immédiatement après l’intervention, il a été pris en charge à l’hôpital de la prison Ayalon, dans le centre du pays.
« Ils prennent un homme de 82 ans, atteint d’un cancer, auquel il ne reste qu’un seul rein ; ils ignorent son état de santé et maintenant ils demandent à prolonger son arrestation ? Il n’y survivra pas », a estimé Hadad devant les caméras de la chaîne.
Mercredi, la Douzième chaîne a diffusé un enregistrement obtenu par les enquêteurs d’une conversation entre Berland et l’un de ses aides alors qu’il se trouvait en détention avant son procès pour agressions sexuelles.
Berland y donne pour instruction à son subordonné d’utiliser la violence pour intimider deux personnes qui songeaient, à ce moment-là, à porter plainte contre lui pour des abus sexuels.
Dans l’enregistrement, Berland recommande vivement à son aide de dire à ses fidèles de se détourner franchement des deux personnes en ne s’approchant pas d’elles au-delà d’une certaines distance et que tous « ont l’autorisation de leur rompre les os ».
Le dollar du rabbi.