Sigmar Polaris
Démocratie Participative
07 mai 2020
Même les musulmans d’Indonésie ont réussi à comprendre que les transexuels étaient possédés par le Diable.
L’exorcisme qu’Andin a dû subir pour «guérir» de son identité de femme transgenre continue de lui donner des cauchemars. Pourtant, ce traitement de choc visant la communauté LGBT pourrait se généraliser en Indonésie si une nouvelle loi controversée était votée.
Depuis vingt ans, Andin, 31 ans, est harcelée par sa famille qui veut la changer par tous les moyens: elle a été enfermée plusieurs jours dans une pièce et bombardée de versets coraniques, aspergée d’eau glacée par un imam promettant d’extirper sa «maladie».
Mais c’est un exorcisme qui reste son pire souvenir.
Ce jour-là, elle a été emmenée de force chez un étrange gourou près de sa ville natale de Medan sur l’île de Sumatra, qui lui a montré un linceul et a commencé à prier avant de lui donner le choix: abandonner sa vie de femme ou aller en enfer.
«C’était traumatisant, ce souvenir horrible reste dans mon esprit», témoigne Andin, qui préfère prendre un nom d’emprunt pour témoigner.
«Rien n’a changé après l’exorcisme, je suis toujours LGBT, mais ma famille ne veut rien entendre», dit-elle.
Les exorcismes sont une épreuve courante pour les homosexuels et les transgenres en Indonésie.
Il faut reconnaître à l’islam jaune une meilleure tenue générale que l’islam oriental auquel nous sommes exposés. Ils sont aussi moins agressifs.
Jakarta est une ville asiatique moderne, ce qui semble démontrer que les Indonésiens ne sont pas vraiment musulmans car les musulmans sont incapables de construire des villes modernes (les villes du Golfe Persique sont construites par des architectes blancs et des ouvriers indiens).
De toute façon, ils prient le dieu qu’ils veulent chez eux.
À mesure que le pays, qui compte la plus grande population musulmane au monde, a pris un virage vers un islam plus conservateur ces dernières années, les discriminations contre la minorité LGBT se sont développées.
Pourquoi quand on parle d’homosexualité, la presse progressiste devient islamophobe ?
L’homosexualité est légale dans ce pays d’Asie du Sud-Est, sauf dans la province d’Aceh, la seule à appliquer la loi islamique.
Mais beaucoup d’Indonésiens sont persuadés que l’homosexualité vient d’esprits mauvais qui habitent le corps et dont on ne peut se débarrasser que par la prière ou l’exorcisme.
Et ces traitements pourraient être bientôt institutionnalisés.
Des députés conservateurs ont déposé une proposition de loi sur la “Résistance de la famille” que ses opposants décrivent comme anti-LGBT et sexiste.
Selon ce texte, prioritaire dans le programme du Parlement, les personnes transgenres seront contraintes à une “rééducation”, par des exorcismes et d’autres traitements pour les «guérir» de ce qui est considéré comme une déviance sexuelle.
Les exorcismes ne pourront pas grand-chose dans ce cas-là.
Il faudrait des thérapies complémentaires.
La proposition de loi devait être présentée dans les mois à venir mais la date est incertaine, le processus législatif étant en grande partie gelé en raison de la crise sanitaire liée au nouveau coronavirus.
Dans ce pays de quelque 260 millions d’habitants où les traditions animistes et chamanistes restent vivaces, les exorcismes ont longtemps été utilisés sur les malades mentaux ou pour débarrasser un village d’un fantôme.
Si la nouvelle loi est votée, l’exorcisme représente l’option «la plus probable pour procéder à une rééducation», avertit le directeur d’Amnesty International en Indonésie, Usman Hamid.
Une conversion obligatoire des personnes LGBT fera les affaires des exorcistes. Aris Fatoni, qui pratique l’exorcisme sur des patients souffrant de maladies ou de problèmes personnels, affirme en avoir «guéri» une dizaine en dix ans.
Pendant la séance, l’exorciste lit le Coran et guette des signes suggérant que, dit-il, les esprits malins quittent le corps du patient.
«Il y a en général une réaction forte», parfois des cris ou des vomissements «mais cela veut dire qu’ils guériront plus vite».
C’est comme une Gay Pride mais en beaucoup mieux.
«En revanche, si une personne aime être LGBT et ne vient ici que par curiosité, il n’y aura pas de réaction. Ces cas sont difficiles à guérir», poursuit-il.
Son collègue, Ahmad Sadzali, se vante aussi d’avoir réussi des conversions: «Un gars que j’ai soigné a subi seulement deux exorcismes et il est maintenant guéri: il s’est marié avec une femme un mois plus tard».
Six cliniques de la capitale Jakarta ont confirmé à l’AFP proposer des exorcismes pour “guérir” des personnes LGBT.
«Depuis combien de temps souffrez-vous de cette maladie?», demande le propriétaire d’un établissement quand on s’adresse à lui. Il refuse de traiter des patients séropositifs «mais si ce n’est pas le cas, grâce à dieu, je peux vous aider si vous vous en remettez à Allah».
Dinda, une homosexuelle de 35 ans, se souvient du jour où sa mère dévote l’a piégée en l’invitant chez elle et qu’elle s’est retrouvée face à un religieux voulant l’exorciser malgré elle.
«Ma mère était persuadée que j’étais possédée et que si je n’étais pas exorcisée les esprits malins resteraient en moi», explique l’Indonésienne préférant elle aussi donner un nom d’emprunt.
Sa sexualité n’a pas changé mais elle ne fait plus confiance à sa mère. «J’ai des frissons à chaque fois que ma mère m’appelle. Et je vois l’exorciste dans mes rêves. Ca m’a vraiment effrayée», dit-elle.
Si les exorcismes terrorisent ces malades mentaux, c’est déjà très bien.
Il faut importer le concept en France.
Dans la province conservatrice d’Aceh, à l’extrême ouest de l’archipel, les relations sexuelles entre personnes du même sexe peuvent mener à une peine de flagellation.
En 2018, la police a arrêté un groupe de femmes transgenres, les a humiliées en coupant leurs cheveux et en les forçant à porter des habits masculins.
Dans la ville de Padang, également sur l’île de Sumatra, la même année, les autorités locales ont ordonné aux habitants LGBT un traitement pour mettre fin à “leurs péchés” sous la pression d’importantes manifestations.
Une petite minorité résiste à la vague conservative.
L’an dernier, une proposition de loi qui aurait rendu passible de prison les relations sexuelles hors mariage a été remisée après une vague de protestations.
Les nouvelles propositions anti-LGBT sont aussi vivement combattues par les défenseurs des droits.
«Les thérapies de conversions, comme les exorcismes, représentent une violence contre les personnes LGBT», dit Budi Wahyuni, ex-membre de la Commission des femmes d’Indonésie.
Andin, qui s’habille comme une femme quand elle n’est pas chez elle, n’est pourtant pas convaincue que les choses vont s’améliorer.
Sa famille persiste à vouloir la remettre dans le «droit chemin» et a récemment sacrifié une chèvre pour ce faire. «Cela fait vingt ans et ils veulent toujours que je sois différente», conclut-elle.
Après la chèvre, il se pourrait bien que ce soit autre chose qui soit sacrifiée par les musulmans. Mais c’est leur culture, il faut la respecter.