Leutnant
Démocratie Participative
18 octobre 2024
Quimper
La Bretagne magique et pittoresque livre ses mystères.
La plainte qui lance l’affaire jugée à huis clos du 14 au 16 octobre 2024 par la cour criminelle du Finistère, à Quimper, date de 2021.
Une femme explique alors aux policiers qu’elle a été violée par un homme se faisant passer pour un marabout. Elle était allée le voir sur les conseils de proches, souffrant de ne pas avoir d’enfant. L’homme lui affirme que le mal est profond, qu’il vient du ventre, et qu’il est nécessaire de recueillir du fluide pour la guérir. Une procédure passant par un cunnilingus et une pénétration digitale. Par la suite, l’homme lui annonce qu’un de ses proches mourra, si elle révèle le procédé. Dans un état de sidération totale, la victime finit tout de même par déposer plainte. Lors d’une perquisition, de nombreux contacts féminins, d’autres victimes, ont été trouvés sur un carnet. Seule une poignée des femmes concernées a également porté plainte.
Le Grand Druide de Quimper
D’après les témoignages recueillis, cet ancien maçon originaire du nord de la France, âgé de 76 ans et installé dans le Finistère depuis 2008, se proclamait grand marabout de la fertilité, investi d’une mission par l’archange Gabriel, et pratiquant la magie noire.
Au sein d’associations, dans des boutiques d’ésotérisme, il choisissait ses victimes, toujours en situation de vulnérabilité, parce qu’elles étaient malades, en rémission, stériles ou avec des problèmes de couple. Il les mettait en confiance et leur affirmait que, dans une vie antérieure, ils avaient été mari et femme, qu’ils avaient un lien puissant et qu’il était le seul à pouvoir les aider. Il les manipulait, profitant de la moindre faille, les menaçant de sortilèges, soufflant le froid et le chaud pour les terroriser. Il en profitait pour procéder soit à des attouchements, soit à des viols, mais jamais de violences physiques. Il ne faisait jamais non plus payer sa « consultation » à ses victimes.
La plupart d’entre elles n’ont pas déposé plainte, par honte ou dans le souci d’oublier le plus rapidement possible les faits, ne voulant pas se retrouver humiliées sur la place publique. Peut-être aussi toujours habitées par la peur panique des menaces de représailles de magie noire, même à distance, comme il le prétendait. L’un de ses nombreux subterfuges.
Reconnu pervers lors de l’examen psychiatrique, le septuagénaire a par ailleurs été marié cinq fois. Un vrai cauchemar pour certaines de ses ex-épouses, qu’il obligeait à être sans sous-vêtements et en jupe pour que l’encens, qu’il répandait dans les pièces, puisse les purifier, avant de les violer également. Il choisissait avec soin ces futures épouses, toutes dotées d’une maison, ce qui lui permettait de s’y installer. Pour les convaincre, il leur affirmait qu’elles étaient « un être de lumière » et qu’il sentait leur magnétisme, en totale connexion. En parallèle, il multipliait les conquêtes.
Toutes les victimes ont été soumises à son emprise avec le même engrenage : mises en confiance dans un premier temps, puis terrorisées par les menaces de mort qu’il faisait peser sur elles ou leur entourage, affirmant pratiquer la magie noire et être investi de pouvoirs.
Poursuivi pour ces nombreux viols et attouchements, l’homme a finalement été condamné à 17 ans de réclusion, deux ans de plus que les réquisitions du procureur général.
Le grand marabout de Quimper ressortira de prison à 93 ans… en théorie. Il sera libéré bien avant pour « raison de santé ».
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