Wolf
Démocratie Participative
18 octobre 2017
Une belle histoire interraciale.
Cette rencontre entre un type venu de l’étranger et un habitant de Moulins-lès-Metz
avait plutôt bien débuté. Le premier, quasi SDF depuis qu’il s’est brouillé avec son oncle qui l’avait accueilli à sa descente de l’avion, attire l’attention du second, propriétaire d’un immeuble comptant quelques appartements vides à Moulins-lès-Metz. Le Moulinois a d’autres qualités, celle d’afficher volontiers sa générosité à l’endroit d’une jeunesse en difficulté. Raison pour laquelle le ressortissant algérien avait pris possession, l’été dernier, d’un logement de son sauveur. Un autre couple l’avait alors très vite rejoint, une jeune femme et son compagnon, mineur, eux-mêmes en pleine détresse sociale.
Mais les choses
se sont gâtées, la semaine passée. Une fête improvisée à l’appartement a mal tourné sur les coups de minuit. Alcool, drogue et esprits brouillés ont fini dans le sang et les larmes. Le propriétaire a été retrouvé, ensanglanté, sur le palier des voisines du dessus. Un avant-bras ouvert jusqu’au biceps, le visage tuméfié et le corps couvert d’ecchymoses. Il est à cette heure toujours hospitalisé avec vingt et un jours d’ITT.
Les personnes qui occupaient l’appartement avaient été interpellées après l’agression. Manon Briquet, majeure depuis peu, originaire de Nancy, a écopé d’un an de
prison, dont six mois ferme, avec maintien en détention tandis que 30 mois de prison ferme, avec également un maintien en détention, ont été prononcés à l’encontre de Bouabdellah Slimani, 21 ans.
L’ambiance était visiblement bonne. Slimani s’exprime.
Près de trois h
eures ont été nécessaires aux magistrats du tribunal correctionnel pour démêler un écheveau dont chacun détenait son fil d’embrouille. « Moi je l’ai agressé avec le manche, oui mais, après, j’ai voulu le protéger de l’autre (le mineur, ndlr) qui avait posé un couteau papillon sur sa gorge. C’est pas moi qui l’ai planté ! » C’est pourtant avec son couteau de cuisine en céramique que la victime a été blessée.
Le déchet racial blanc s’exprime à son tour.
La jeune femme,
surexcitée et les deux yeux au beurre noir après s’être frappée la tête durant sa garde à vue, montre à son tour les traces de coupures sur ses bras. « Je me fais ça toute seule, personne ne m’a agressée. J’étais énervée… Mais c’est moi, oui, qui ai passé le couteau papillon à mon copain. Mais c’était juste pour faire peur, après, il me l’a rendu. » Le mineur prend cher mais n’est pas là pour se défe
ndre. Me Mikael Saunier tente : « Tout n’est pas clair dans cette histoire. On ne sait pas vraiment dire qui a porté les coups. Les envoyer tous les deux en prison ne va qu’aggraver leur situation déjà très précaire ».
Lorsque les policiers avaient appréhendé le jeune Algérien, il tentait de s’enfuir en pleine nuit avec un sac contenant des baskets et un couteau de cuisine en céramique. Le tout taché de sang. « Le mien », a-t-il répété souvent aux juges, sans trop mesurer la portée de ses mots.