Leutnant
Démocratie Participative
30 septembre 2020
COMBATTANT DE LA LIBERTÉ
Des nouvelles des valeurs de la République.
« Tout ce que je demande, c’est de pouvoir m’exprimer. Je suis ici pour m’expliquer, calmement, avec précision. J’y suis prêt. » À l’ouverture de son procès devant la cour d’assises d’appel du Cher, qui le juge depuis lundi et jusqu’à ce jeudi, pour un viol, deux viols aggravés en récidive et une agression sexuelle, Jacques Mbakam, s’est dit désireux de progresser vers la vérité des faits. Il est grand temps. Toujours il louvoie et se défausse. Pour ces mêmes faits, la cour d’assises de l’Indre, l’avait condamné, en mars 2019, à vingt-cinq années de réclusion criminelle, dont seize ans de peine de sûreté.
En appel (*), il encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Pourtant, à rebours de ses bonnes intentions, Jacques Mbakam, 69 ans, aura passé la journée de lundi, à louvoyer, à se défausser. Bref, à esquiver cette fameuse vérité. Aux questions les plus simples, il n’a pas pu, su ou voulu apporter la moindre réponse claire.
Il est établi, solidement, qu’il est né au Cameroun, « dans un village de l’Est ». Son père, un notable, l’a envoyé à Douala, la capitale, à 15 ans. En 1971,le voilà en France, marié et père d’un enfant (il en a cinq au total). Il a 20 ans. En 1987, il soutient une thèse en économie politique. « Dans l’intervalle, lui demande le président Pignoux, vous avez vécu de quoi ? » La cour attend toujours la réponse.
Car sa trajectoire de vie est si pleine de trous et de zones d’ombre qu’elle ne laisse qu’une pénible impression de flou.
Sa vie professionnelle ? Mystère. Jacques Mbakam est retraité, mais de quoi ? Il évoque des études universitaires tous azimuts, des diplômes en droit, en sciences sociales. Se présente comme « chercheur », « philosophe », « anthropologue », chargé de diverses « missions de conseil », toutes bien fumeuses. Évoque encore des activités politiques dans la mouvance de l’opposition camerounaise. Le tout est évidemment invérifiable.
Ce qu’on sait ? Il a vécu à Paris et dans l’Oise, puis s’est établi dans l’Indre, à Buzançais ; puis Vendoeuvres, où l’essentiel des faits a été commis selon l’enquête. Et aussi et surtout, en février 1997, la cour d’assises de Paris l’a condamné à dix ans de réclusion criminelle, pour viol sur mineure de 15 ans. Ce qu’il niait déjà et nie toujours, dénonçant « une vengeance politique ».
« Il parle, beaucoup, a résumé un expert psychologue. Il emmène son interlocuteur dans une sorte de spirale de mots. Et ne fait guère de place à l’écoute… » Chaque intervention, durant ces deux premiers jours de Jacques Mbakam est venue confirmer ces propos.
Jacques Mbakam, un nègre volubile à nœud papillon amateur de Blanches.
Pour complément d’informations :
Imperturbable… Jacques Mbakam l’est demeuré, hier, vers 19 h 40, lorsque le président, Luc Sarrazin, après trois jours de débats et cinq heures de délibérations, a prononcé le verdict : « Vu l’état de récidive des faits, la Cour vous condamne à vingt-cinq ans de réclusion criminelle avec une période de sûreté de seize ans. »
Bien avant, dans la matinée, les trois avocats des parties civiles, Mes Sandrine Barré, Delphine Debord-Guy et Michaël Villemont, avaient trouvé les bons mots pour rappeler le traumatisme de leurs clientes. Quatre jeunes femmes « vulnérables » dont « Mélina qui s’est retrouvée piégée au domicile de cet homme de trente années son aîné », s’étonne Sandrine Barré. Et puis, il y a Élise à laquelle il affirme être « guérisseur » et parvient à l’emmener chez lui à Buzançais. « Je vais te soigner… » La suite, on la connaît (NR de samedi et mardi).
Il y a aussi Émilie. « Elle est fragile, indique Delphine Debord-Guy, et reste une proie idéale. Elle fume une cigarette à la terrasse de Patàpain à Châteauroux. Il l’aborde et lui dit ce qu’elle veut entendre. Elle n’est pas bien et lui assure qu’il va la délivrer de ses cauchemars. » Ils se retrouvent dans sa voiture située dans un parking du centre-ville. « Il tente de l’embrasser et lui touche le sexe. Elle le repousse… ». Il y a aussi Jessica défendue par Michaël Villemont. « Il l’a repérée, seule à la gare de Châteauroux. Elle a ses bagages et semble perdue. Par quelques belles phrases, il parvient à l’entraîner chez lui, à Vendœuvres » et lui impose deux actes sexuels « non consentis » répétera la victime ; « consentis » martèlera l’accusé. Ce dernier, s’appuyant sur le fait « qu’il l’avait rasée et lubrifiée avant relation » laissant imaginer qu’elle était consentante.
Pour l’avocat général, Laëtitia Biardeau-Schwok, « ces jeunes femmes ont parlé de choses intimes, traumatisantes, honteuses. Mais la honte devrait être plutôt du côté de l’accusé et – s’adressant à la Cour – votre décision doit rétablir les choses. Il s’est bien rendu responsable de trois viols et d’une agression sexuelle et les victimes qui ne se connaissaient pas, évoquent toujours le même mode opératoire, autant pour des faits qui se sont passés à Paris, Buzançais ou Vendœuvres », aux domiciles successifs de l’accusé. Dans tous ces cas, « elles se sont senties prises au piège dans leur propre corps. Je demande vingt-cinq ans de réclusion criminelle. »
Sur le banc de la défense, Me Henry Ermeneux du barreau de Paris, rappelle que « Jacques Mbakam est une personnalité atypique ». Outre le fait de se dire avoir été proche du Président François Mitterrand, « il vient d’une culture (1) où on entreprend d’aller vers l’autre. Il cherche cela pour fuir son propre isolement et cela a été le cas avec ces femmes ». Des victimes « aux déclarations pas toujours cohérentes : Jessica se trompe notamment sur les horaires ; quant à Émilie, selon l’expert, elle est capable d’affabulations, et enfin, Mélina ne se souvient plus précisément de la date des faits, ni des lieux en région parisienne. Elle évoque un immeuble, alors que Jacques Mbakam demeure dans une zone pavillonnaire. » Des paroles contre une parole.
Puis le président, ses deux assesseurs, ainsi que les trois hommes et trois femmes formant le jury, ont tranché, tard hier soir. Ce sera vingt-cinq ans de réclusion criminelle. Toujours imperturbable, le condamné a désormais dix jours pour faire appel.
Et dire que tout cela aurait pu être évité en ne permettant pas à des nègres du Cameroun de venir violer des Blanches en France.