Leutnant
Démocratie Participative
06 novembre 2020
C’est tout de même moins grave que d’écrire des livres sur les juifs comme Hervé Ryssen.
Un jeune homme d’origine turque a été condamné jeudi 5 novembre 2020 à quatre mois de prison avec sursis pour « incitation à la violence ou à la haine raciale » après avoir appelé à s’en prendre à la communauté arménienne sur les réseaux sociaux.
Cette condamnation du tribunal correctionnel de Bourg-en-Bresse survient au lendemain de la dissolution en France du groupe ultranationaliste turc les Loups Gris, pointé du doigt dans des heurts ayant opposé ces dernières semaines des membres des communautés turque et arménienne dans la région lyonnaise.
« Que le gouvernement me donne 2 000 € et une arme, et je ferai ce qu’il y a à faire où que ce soit en France […] On est à peu près 200 000 Turcs, faites ce que vous devez faire par vous-mêmes. Que chacun s’occupe de sa ville », avait exhorté cet été Ahmet Cetin, 23 ans, dans une vidéo en turc et français diffusée à ses 7 000 abonnés Instagram.
Correction : il y a 600,000 turcs en France.
Ce dernier était également apparu sur des vidéos tournées en marge d’incidents survenus le 24 juillet à Décines-Charpieu (Rhône), lorsque des militants masqués, munis de barres à mine et d’armes blanches et se revendiquant des Loups Gris avaient tenté de troubler un rassemblement de l’importante communauté d’origine arménienne de cette ville de banlieue lyonnaise.
Le jeune homme a démenti faire partie des Loups Gris, groupe réputé proche de Recep Tayyip Erdogan, mais à l’audience fin septembre, l’agent de maintenance a éprouvé des difficultés à s’expliquer. Il avait notamment assuré qu’il avait simplement demandé aux membres de sa communauté de « faire attention ». « Dans des villes où la communauté arménienne est plus nombreuse, il peut y avoir des actes de violence », avait-il ajouté.
Selon lui, l’emploi du mot « arme » visait à « faire le lien avec la caricature qu’on veut (lui) donner », ce qui n’a pas convaincu les parties civiles, le Comité pour la défense de la cause arménienne (CDCA), le Conseil de coordination des organisations arméniennes de France (CCAF) et SOS racisme, dont les avocats avaient mis en avant des tweets d’Ahmet Cetin qualifiés de « négationnistes, prônant l’allégeance à l’État turc et professant la haine ».
Le procureur avait requis une peine de six mois de prison avec sursis.
Ahmet Cetin a également été condamné à une amende délictuelle de 1 000 € et à une peine d’inéligibilité de cinq ans. Il avait été candidat aux élections législatives de 2017 dans l’Ain, où il réside, sous l’étiquette du Parti égalité et justice, proche du président Erdogan.
« L’ensemble de l’œuvre d’Ahmet Cetin aurait appelé une condamnation plus ferme encore, mais on peut s’enorgueillir que la France, à la différence de la Turquie, soit un État de droit qui agit selon des procédures avec un sens de la proportionnalité », a réagi auprès de l’AFP le président du CDCA Jules Boyadjian, estimant que « les agissements d’Ahmet Cetin et de ses comparses des Loups Gris n’ont pas leur place dans la République ».
Une autre plainte visant Ahmet Cetin, déposée auprès du parquet de Lyon par le CDCA pour « participation à un regroupement armé » après les évènements du 24 juillet, est quant à elle toujours à l’instruction.
Les années qui viennent seront résolument inclusives.