Capitaine Harlock
Démocratie Participative
15 avril 2018
Dysgénisme maximal.
Le hasard a voulu qu’on lui attribue un logement dans le XVIe arrondissement de Paris. Heureusement, la fenêtre de Karim* donne sur la cour intérieure de l’immeuble. Pas sur le Bois de Boulogne voisin qui lui rappelle inévitablement ses « années de débauche ». A 47 ans, cet homme est l’un des premiers prostitués en France à bénéficier du « dispositif de sortie » mis en place par le gouvernement.
Inscrit dans la loi votée le 13 avril 2016, il y a deux ans tout juste, il permet aux personnes prostituées dont le dossier a été validé par une commission préfectorale spécifique de pouvoir bénéficier d’une aide financière (330 euros pour une personne seule, 432 euros pour une personne avec un enfant…), de soins, d’un titre de séjour provisoire et d’un logement social.
Ouais.
Des papiers pour les tantes crouilles qui tapinent.
Guirlande lumineuse au-dessus du rideau, chicha soigneusement rangée sur l’armoire normande et lit impeccable : Karim n’a pas mis longtemps à aménager les 24 m² dont il a récupéré les clefs mi-mars. « Ici, je dors tranquille, souffle-t-il de sa voix douce. Je n’ai plus peur de la nuit… »
Oubliées les relations sexuelles imposées par son ancien propriétaire pour avoir le droit de s’abriter sous son toit. Oubliées aussi les « copines travesties » qui lui ont fait découvrir « le Bois ». « On se maquillait, on s’habillait ensemble. On souriait aux clients. Mais à la fin de la nuit, on rentrait à la maison avec le cœur déchiré. »
Chassé d’Algérie par sa famille en raison de son homosexualité, Karim assure qu’il n’avait pas d’autre solution que de vendre son corps pour pouvoir survivre, quand il a débarqué en France à la fin des années 1990. « Il y avait les clients sales, les clients malades et les clients violents, liste-t-il en admirant la colombe de la paix tatouée sur son avant-bras gauche. Ceux qui t’embarquent dans leur voiture, te font mal et te larguent n’importe où dans Paris. »
Le gouvernement français en est arrivé à subventionné les pédales dont même l’Algérie ne veut pas.
Karim les a tous supportés pendant une dizaine d’années avant de saisir la main tendue par Lorraine Questiaux, dans le froid d’une nuit de janvier. Déléguée pour le Nid -un mouvement qui milite pour l’abolition de la prostitution- elle lui a expliqué qu’il pouvait s’en sortir, lors d’une de ses traditionnelles maraudes.
« Ce soir-là, il a pris un café. Je lui ai laissé mon numéro, se souvient-elle. Et puis, il m’a rappelé deux ou trois semaines après et nous avons lancé les démarches. Désormais, j’aimerais qu’il bénéficie de l’Allocation adulte handicapé. Il souffre encore trop de son passé pour pouvoir travailler. »
Karim, lui, ne s’en plaint pas. Il a dégoté, tout seul, un boulot d’auxiliaire de vie auprès des personnes âgées qui lui permet de s’acquitter des 500 euros de loyer. « Cela ne me plaît pas beaucoup. C’est encore un travail de nuit, avoue-t-il. Mais, je suis prêt à tout plutôt que de devoir retourner dans le Bois pour pouvoir vivre. »
Et le gouvernement semble l’avoir compris. Adoptée dans la douleur en avril 2016, la loi renforçant la lutte contre la prostitution a permis aux forces de l’ordre de verbaliser plus de 2.000 clients (selon un bilan arrêté au 31 décembre 2017). Et surtout à une cinquantaine de personnes prostituées de bénéficier du dispositif de sortie. « Cela peut paraître peu mais ce n’est pas si mal, assure Le Nid. La loi n’existe que depuis deux ans. » Pour 2018, le gouvernement a doté le dispositif de fonds permettant d’aider 600 personnes prostituées au total.
En résumé : un nouveau moyen pour les crouilles et les nègres sidaïques de récupérer des papiers avant de se faire soigner, nourrir, blanchir et loger par les travailleurs français.
Avec les félicitations d’Hidalgo.